Par ailleurs, de grands groupes ou magnats de la communication – dont l'australien Rupert Murdoch, l'allemand Leo Kirch, le français Vivendi et l'espagnol Telefonica – se sont regroupés pour étudier la possibilité de monter une Superligue européenne de football réunissant une quinzaine de clubs parmi les plus prestigieux du continent, en marge des compétitions de l'UEFA. Avantage : les clubs concernés percevraient directement les fortunes générées par le spectacle, lesquelles, à l'heure actuelle, transitent par les comptes de l'UEFA ou des fédérations nationales. Bénéfice estimé : 21,5 millions de francs (3,3 millions d'euros) par match de poule gagné et environ 866 millions de francs (132 millions d'euros) pour le vainqueur de la compétition.

Pour contrer les volontés sécessionnistes des clubs, l'UEFA a fait monter les enchères et offrira plus d'argent aux équipes participant aux coupes d'Europe dès la saison 2000/2001. Mais le projet de Superligue a de grandes chances d'aboutir à moyen ou long terme. D'abord parce que les grands clubs font le forcing, alléchés par les gains potentiels ; ensuite parce qu'il a l'aval de Bruxelles, farouche adversaire du monopole de l'UEFA ; enfin parce que le système actuel des coupes d'Europe ne satisfait personne, pas même ses initiateurs. « La Ligue des champions est un fiasco. Sa nouvelle formule n'intéresse personne », a dénoncé le secrétaire général de la FIFA, avant de stigmatiser « la saturation des matches de football à la télévision qui dilue l'intérêt d'une compétition extraordinaire. » Trop de foot tue le foot. D'ailleurs, dans la plupart des grands pays européens, les matches phares de championnat national ne seront bientôt plus accessibles que par pay-per-view, le très contestable système du « payer pour voir ». En Angleterre, pays à la pointe du capitalisme footballistique, le système sera en vigueur dès la saison 2001/2002.

Pour étendre son pouvoir aux terres vierges et prévenir la saturation du marché européen, la FIFA fait également office de missionnaire. Ainsi, après la World Cup 1994 tenue aux États-Unis, le Mondial 2002 sera organisé conjointement par le Japon et la Corée du Sud, deux nations longtemps ignorantes du football mais prêtes à s'enflammer pour ce nouveau spectacle. Deux marchés potentiels également, en termes de matériel ou de droits de retransmission télévisée...

Les sportifs les plus riches du monde

Michael Schumacher (Allemagne / Formule 1) 49 millions de dollars

Tiger Woods (États-Unis / Golf) 47 millions de dollars

Oscar de la Hoya (États-Unis / Boxe) 43,5 millions de dollars

Pete Sampras (États-Unis / Tennis) 41 millions de dollars

Michael Jordan (États-Unis / Basket) 40 millions de dollars

Evander Holyfield (États-Unis / Boxe) 35,5 millions de dollars

Mike Tyson (États-Unis / Boxe) 33 millions de dollars

Shaquille O'Neal (États-Unis / Basket) 31 millions de dollars

Lennox Lewis (Grande-Bretagne / Boxe) 29 millions de dollars

Dale Earnhardt (États-Unis / Automobile) 26,5 millions de dollars

Andre Agassi (États-Unis / Tennis) 20 millions de dollars

L'argent ne fait pas (toujours) le bonheur

Dans un sport commandé par l'argent, il est des histoires qui méritent toutefois d'être contées et qui relativisent, parfois, l'importance des comptes en banque. Ainsi, le parcours étonnant des footballeurs de Calais en Coupe de France a apporté une bouffée d'air pur dans un monde trop souvent régi par le profit. Les amateurs nordistes évoluant en CFA, l'équivalent de la D4, ont éliminé Lille, Cannes, Strasbourg et Bordeaux, champion de France en titre, pour atteindre la finale et y faire jeu égal face à Nantes, avant de céder sur un penalty litigieux dans les dernières minutes. Smicards du ballon rond, les joueurs de Calais ont en outre déclenché un véritable engouement chez un public blasé, ravi de voir le petit défier brillamment les grands.

À une autre échelle, la même mésaventure est arrivée aux cadors du championnat espagnol en 1999/2000. Les outsiders du Deportivo La Corogne ont décroché le titre national avec un budget de 230 millions de francs (35 millions d'euros), soit trois fois moins que celui des favoris du Real Madrid ou du FC Barcelone. Pour les gros clubs désormais, rien ne justifie de se livrer à fond dans la quête d'un titre national, puisque une deuxième (voire une troisième) place suffit à assurer une qualification en Ligue des champions, la compétition jackpot du football européen. Les chiffres du chèque comptent presque plus aujourd'hui que ceux du tableau d'affichage.

Les footballeurs... et les autres...

Si le foot est le sport qui attire et voit circuler le plus d'argent, les footballeurs ne sont paradoxalement pas les sportifs les plus riches de la planète. Pour la plupart américains, ces derniers sont plutôt golfeurs, tennismen, boxeurs, basketteurs ou pilotes d'automobiles. Seul le Brésilien Ronaldo a connu un jour le privilège d'être classé parmi les 20 premiers dans la célèbre liste du magazine Forbes recensant les sportifs les plus riches, avant de disparaître rapidement des tablettes à la suite d'une blessure. Sportif en activité le mieux payé au monde, l'Allemand Michael Schumacher, déjà champion du monde de formule 1 en 1994 et 1995, a perçu 185 millions de francs (28,20 millions d'euros) de la part de son écurie italienne Ferrari en 2000, année de son troisième sacre. À ce salaire, il convient bien sûr d'ajouter une multitude de contrats publicitaires.