Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Néanmoins la droite nouvelle n'a pas réussi sur tous les plans. Les succès du « libéralisme ibérique », qui ont fait que le PIB par habitant de l'Espagne s'est rapproché de la moyenne européenne, ne devraient pas nous faire oublier que, malgré le million d'emplois créés en 1999, son taux de chômage reste le plus élevé de l'ensemble de l'OCDE. Par ailleurs, les déséquilibres régionaux demeurent importants, dans un pays qui profite des aides accordées par l'UE et du système de compensation fiscal inhérent à sa propre organisation en communautés autonomes.

Dans le passif du gouvernement, nous pouvons également inscrire l'échec de la pacification du Pays basque, malgré la trêve unilatérale décrétée par l'ETA, pendant plus d'un an et rompue ensuite pour cause d'« immobilisme » du gouvernement. Celui-ci a opté pour la fermeté dans ses relations avec les séparatistes et les nationalistes basques et a confirmé sa volonté de résoudre le problème posé par la répression policière. Ce faisant, le président n'a pas réussi à gagner à sa cause les principaux partis nationalistes basques (le PNV en tête), lesquels, en dépit des résultats peu satisfaisants, continuent pour l'instant de préconiser la négociation avec l'ETA et les forces politiques qui la soutiennent.

Dans la poursuite de sa stratégie au Pays basque, le projet du président espagnol est désormais de profiter d'une éventuelle crise de représentation, que par ailleurs il ne se prive pas d'attiser, qui lui permettrait de placer un homme du Parti populaire (vraisemblablement le ministre de l'Intérieur, Jaime Mayor Oreja) au poste de président de la communauté autonome basque. C'est une alternative risquée, au sein d'une communauté où la ligne de partage entre les forces nationalistes et non nationalistes se situe respectivement dans les 55 %-45 % de l'électorat.

Pablo Luna

Les tendances électorales de moyen terme

Si on examine les résultats des élections générales depuis 1977, c'est-à-dire, depuis le moment où les Espagnols ont commencé à voter, après la mort de Franco, on peut dégager trois tendances de fond. D'abord, une augmentation du nombre des partis nationalistes. Si le nombre de partis représentés au Congrès est resté le même (12 en 1977 et en 2000), le nombre de partis nationalistes, dont l'implantation est restreinte aux communautés autonomes, a sensiblement augmenté (6 en 1977, 9 en 2000), alors que le nombre de partis non nationalistes, implantés à l'échelle nationale, a diminué (6 en 1977, 3 en 2000). Ensuite, une augmentation de l'électorat nationaliste. L'électorat additionné des partis nationaux, de gauche et de droite, est passé d'environ 88 %, en 1977, à 84,5 % en 2000 ; alors que celui des partis nationalistes, qui était d'environ 7 % en 1977, se rapproche de 11 % en 2000, et cela en dépit de l'abstention préconisée par les partis proches de l'ETA. Enfin, la sous-représentation relative du vote nationaliste. La poussée nationaliste, qui touche aussi désormais l'Aragón, l'Andalousie, les Canaries et la Galice, ne s'est pourtant pas reflétée sur le nombre de sièges parlementaires. Il y avait 25 sièges nationalistes en 1977, il y en a 33 en 2000, alors que le nombre de sièges des partis nationaux est passé de 283 en 1977 à 308 en 2000.