Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

La diminution de la semaine de travail à 40 heures et la généralisation du système de sécurité sociale, l'extension du régime de retraites ou encore l'augmentation du salaire minimum dans la fonction publique, dont on estime qu'ils provoqueront un déficit budgétaire d'au moins 7 % du PIB en l'an 2000, sont autant d'objectifs qui risquent d'être remis en cause par le coût énorme de la catastrophe naturelle. Le scepticisme des milieux d'affaires vénézuéliens, qui se sont élevés contre l'étatisme d'une Constitution qui consacre « pour toujours » le caractère public de la compagnie Petróleos de Venezuela (PDVSA), ne devrait pas aider le président vénézuélien dont le programme politique n'inspire pas non plus une grande confiance dans les milieux internationaux, et singulièrement aux États-Unis, où l'on s'inquiète des tendances protectionnistes à l'œuvre à Caracas. Annonçant son intention de poursuivre le remboursement du service de la dette extérieure du pays, le président Chavez affiche une détermination sans faille et n'entend se laisser détourner de sa « révolution » ni par les éléments ni par ceux qui voudraient réinstaurer le règne du « capitalisme sauvage ». La tragédie nationale lui a donné une autre occasion de dénoncer avec force l'« irresponsabilité criminelle » des « gouvernements précédents corrompus », qu'il a jugés responsables de l'étendue des victimes dans des régions urbanisées en dépit de toute considération de sécurité.

Au-delà pourtant des appels à la solidarité nationale pour faire face à la catastrophe, la popularité et le succès du président Chavez se mesureront à son aptitude à répondre aux besoins de la population, dont les éléments les plus pauvres ont été le plus gravement touchés. Il lui faudra pour cela s'occuper un peu moins de politique, comme le lui reprochent les partis d'opposition, au lendemain de la publication d'un rapport officiel mettant en cause l'inertie de son gouvernement qui n'aurait pas tenu compte des avertissements l'informant de l'ampleur des inondations.

Gari Ulubeyan

Polémiques

Hugo Chavez a été prompt à accuser les Vénézuéliens de sa génération d'être « coupables de la tragédie que vit le pays ». Mais il se trouve lui-même au cœur de la polémique, accusé de négligence pour avoir sacrifié la sécurité de la population sur l'autel de ses ambitions politiques. S'il a annulé les fêtes du référendum, il en aurait lui-même fêté la victoire le 16 décembre, alors même qu'un rapport de la Défense civile avait informé son gouvernement avec précision de l'ampleur de la catastrophe. L'opposition en tire argument pour chercher à entamer la popularité du président ; mais ce dernier, qui s'est montré sur tous les fronts de la tragédie, s'est vite ressaisi, en annonçant un vaste programme qui permettrait aux sinistrés de recevoir des terres et une aide financière, et surtout en étendant ses pouvoirs à l'économie, dans un pays qui est le troisième producteur mondial de pétrole.