Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Cela n'a pas empêché les élus nationalistes de Corsica Nazione à l'Assemblée de Corse de s'associer à son président José Rossi (DL) pour saluer cette « nouvelle démarche de paix », dans laquelle leur chef de file, Jean-Guy Talamoni, appelait « solennellement » les Corses à « s'engager avec détermination » dans les mois à venir. Premier signe encourageant de cette démarche, le FLNC-canal historique laissait entrevoir au lendemain même de la réunion de l'hôtel Matignon l'éventualité d'une trêve illimitée, qui créerait donc un climat plus propice à cette vaste discussion qui pourrait s'élargir aux acteurs de la société civile insulaire. Prudent dosage de volontarisme et de consensus, la méthode Jospin, appliquée à la réalité complexe de la Corse, attend désormais de produire ses effets...

Georges Ulrich

Matignon en première ligne

Indirectement mis en cause dans l'affaire des paillotes, l'hôtel Matignon reprend l'initiative dans le dossier corse, où le Premier ministre entend réhabiliter l'État frappé de discrédit. Après avoir géré le dossier corse sur un mode musclé, Lionel Jospin choisit la voie de la concertation, en limitant les prérogatives du ministère de l'Intérieur. Participant à la réunion à l'hôtel Matignon au même titre que ses quatre « collègues » du gouvernement – Christian Sautter, Jean-Claude Gayssot, Dominique Voynet et Émile Zuccarelli –, Jean-Pierre Chevènement n'a manifesté qu'un enthousiasme limité pour l'initiative du Premier ministre. Trois semaines avant, il avait d'ailleurs été parmi les rares responsables politiques à dénoncer les rapports des parlementaires, auxquels il reprochait de « ne pas rendre service à l'État » en critiquant ses services en Corse. Il est vrai que ces rapports avaient mis en cause son ministère en mettant l'accent sur la guerre des polices, qui venait aggraver les effets mieux connus de la concurrence entre policiers et gendarmes.