Hô Chi Minh-Ville constitue aujourd'hui une agglomération de près de six millions d'habitants, qui s'étend à l'ouest jusqu'à la ville chinoise de Cho Lon, grand marché devenu faubourg. Cette agglomération urbaine recèle comme Hanoi un espace colonial caractérisé par un damier d'avenues se croisant à angle droit avec des promenades bien ombragées, des jardins et des édifices publics datant du xixe siècle.

Ici comme à Huê, les Nguyen ont laissé leur marque sur de nombreux monuments inspirés de l'architecture chinoise. Les Nguyen s'étaient emparés de la ville en 1674. À cette époque, celle-ci était profondément cambodgienne et s'appelait Prei Kor, qui signifie en khmer « le bois des ouatiers » et se traduit en vietnamien : Saigon. L'empereur Gia Long y fit édifier une imposante citadelle en 1799.

Depuis la réunification du pays, la capitale des provinces méridionales a perdu beaucoup de son dynamisme d'autrefois avec les départs massifs de la grande et de la moyenne bourgeoisie chinoises, établies dans ses faubourgs depuis plus d'un siècle. Mais, récemment, cinq zones franches industrielles d'exportation ont vu le jour au Viêt Nam, une dans le delta du Mékong, deux à Hô Chi Minh-Ville, la quatrième à Da Nang et la cinquième à Hai-phong. À n'en pas douter, pour peu que la bureaucratie locale s'assouplisse, ces zones devraient réanimer la grande métropole du Sud. Ne parle-t-on pas dans les sphères du FMI et de la Banque mondiale du Viêt Nam comme d'un nouveau dragon en puissance ?

Bernard Lehembre
Historien