Beaucoup furent ses amis. Outre ceux du groupe des Six auxquels il reste fidèle toute sa vie, Poulenc s'avoue proche d'Henri Sauguet, soutient André Jolivet, suit attentivement la production de Daniel-Lesur, apprécie les Visions de l'amen d'Olivier Messiaen, admire Henri Dutilleux, fréquente la plupart des compositeurs étrangers passant à Paris, Manuel de Falla, Stravinsky, son « père nourricier », Bartók, Prokofiev, Casella, rencontre Malipiero, Dallapiccola, Britten, Barber. En 1922, il se rend à Vienne au devant de Schoenberg, l'été suivant retrouve Webern à Salzbourg. À Paris, il suit les manifestations de « L'œuvre du xxe siècle », festival organisé par Nicolas Nabokov au cours duquel il a la révélation du Wozzeck de Berg. Abonné de la toute première heure aux concerts du Domaine musical de Pierre Boulez, il affirme : « Il y a une atmosphère touchante à ces concerts. Toute une jeunesse s'entasse debout aux places à 150 francs. Je ne comprends pas que l'on puisse ignorer un tel courant. »

La vraie nature de Poulenc

Début 1963, Poulenc projette de se lancer dans la composition d'un nouvel opéra sur un texte de Jean Cocteau, la Machine infernale. Mais la mort l'emporte le 30 janvier, alors même qu'il prépare la création de ses ultimes chefs-d'œuvre, ses Sonate pour hautbois et piano et Sonate pour clarinette et piano. « Francis Poulenc a trouvé son langage dans la sincérité », écrivait Louise de Vilmorin moins de cinq mois après sa disparition. « Il n'a jamais menti. Il n'était pas un innovateur, mais il est l'auteur d'une œuvre originale puisqu'il l'écrivit comme il l'entendait et que, faite à son image, elle se présente sans supercherie. C'est pourquoi elle n'est pas sans danger. Qu'il ait été sollicité par sa gaieté, ses langueurs, sa mélancolie ou la gravité d'une certaine solitude qu'il devait éprouver par moments, j'ai le sentiment qu'il a eu plaisir à s'exprimer comme il l'a fait. »

Bruno Serrou
Critique musical