En France, le renforcement du pouvoir central du roi sur les féodaux ira avec le désir croissant de mieux connaître la population ; mais ce sera d'abord sous la forme de l'état civil. En 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts prescrit l'enregistrement des baptêmes sur les registres paroissiaux. Quarante ans plus tard, l'ordonnance de Blois en étend l'obligation aux mariages et aux enterrements. C'est avec la montée des Lumières que revient la préoccupation du chiffrage démographique.

Dès le 7 janvier 1790, une circulaire prévoit un recensement sur « la population entière détaillée par districts, cantons et municipalités ». Mais c'est Napoléon, on l'a dit, qui fait réaliser le premier recensement, lequel est préparé par son frère Lucien et par Chaptal. En 1822, une ordonnance prescrit d'effectuer un recensement quinquennal dans les années se terminant par 1 et 6. Cette règle prévaut jusque dans les années de l'après-guerre, en 1946, sauf en 1916 et en 1941, pour cause de conflit mondial. En 1871, pour la même raison, le recensement est décalé d'un an. En 1851, on obtint, pour la première fois, un chiffre de population par années d'âge. En 1876, on opéra par bulletin individuel et, à partir de 1881, le recensement français fut exécuté à jour fixe, afin de déterminer la population présente au moment du recensement, et en déduire, à l'aide de questions adaptées, la population dite « de résidence habituelle ».

Après 1946, les recensements ont lieu en 1954, 1962, 1968, 1975, 1982, 1990, enfin, 1999. La cadence quinquennale est donc rompue. On pensait, à la fin des années 1940, que les enquêtes intercalaires par sondage pouvaient repousser les rencensements à un ryhtme décennal. En réalité, les transformations du paysage démographique, politique, économique et social ont été si rapides qu'il a semblé impossible de se satisfaire d'informations aussi anciennes. Toutefois, le coût et la lourdeur d'un recensement moderne n'ont pas permis de revenir au rythme quinquennal.

Les objectifs du recensement

Le recensement s'est déroulé à partir du 8 mars 1999, en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) ainsi qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il est principalement destiné à satisfaire trois objectifs : dénombrer la population de la France à tous les échelons géographiques (commune, canton, département, région, pays) ; connaître ses principales caractéristiques (démographie, niveau d'études, professions, types d'activité et d'emploi, etc.) et celles de son habitat (type de logement, nombre de pièces, niveau de confort, etc.) ; constituer une base de sondage pour les enquêtes économiques et sociales, organisées ultérieurement par l'INSEE, au niveau national ou régional.

Les indications chiffrées fournies par le recensement ont des utilisations nombreuses et variées, en termes d'analyse, de recherche, de prévision et d'action, au niveau national, bien sûr, mais surtout au niveau local. Ces données sont indispensables pour faire des choix en matière de politique de l'emploi ou encore d'équipements publics (crèches, hôpitaux, écoles, routes, équipements culturels et sportifs...).

Il est essentiel que toutes les personnes vivant en France participent au recensement. Des réponses dépendent, en effet, la qualité des résultats et donc l'intérêt du recensement. Ces réponses, strictement confidentielles, sont destinées à l'INSEE, qui les transforme en statistiques.

La diffusion des résultats du recensement de la population de 1999 s'effectue en deux grandes étapes. La première, qui s'attache au dénombrement des logements et des individus, donne lieu à la diffusion de résultats provisoires à partir de juillet 1999, de la population légale en décembre 1999/janvier 2000 et des évolutions démographiques en mars 2000 ; la seconde, l'exploitation statistique des bulletins de logements et bulletins individuels, est diffusée en deux temps : à partir du deuxième trimestre 2000 (résultats partiels) et du quatrième trimestre 2000 (résultats complets). L'exploitation du recensement passe par deux étapes principales :
– le dénombrement effectué après la collecte. Il permet d'obtenir les simples comptages de population et de logements pour tous les échelons géographiques ;
– les exploitations statistiques. Elles permettent d'obtenir les caractéristiques des immeubles, logements, ménages, familles, individus. Elles sont réalisées par l'INSEE à partir des imprimés remplis par la population.