Que faut-il conclure de cette extraordinaire montée de méfiance ? Dans l'alimentation comme dans l'agriculture, les citoyens européens seraient-ils de plus en plus soucieux de préserver leur mode de vie de l'industrialisation systématique ? À l'emballement des biotechnologies désirent-ils opposer une « éthique du progrès », plus respectueuse des humains et des équilibres écologiques ? Quoi qu'il en soit, les États-Unis se retrouvent soudain bien seuls. Fin 1999, les consommateurs américains expriment pour la première fois leurs craintes devant le « tout transgénique ». Face à la levée de boucliers déclenchée par sa stratégie, la société Monsanto annonce qu'elle renonce (provisoirement ?) à développer le gène Terminator. Et les représentants des organisations professionnelles agricoles américaines demandent au gouvernement de les aider à vendre leurs OGM, sur lesquels ils ont massivement investi et dont plus personne ne veut.

Catherine Vincent
Journaliste au Monde

Quelques ouvrages
Tais-toi et mange !, de Guy Paillotin et Dominique Rousset. Bayard Éditions (1999), 180 p., 130 F.
Biotechnologies : le droit de savoir, de Gérard Tobelem et Pascale Briand. Éditions John Libbey Eurotext (1998), 286 p., 110 F.
Le Siècle biotech : le commerce des gènes dans le meilleur des mondes, de Jeremy Rifkin. La Découverte (1998), 346 p., 145 F.