Dans cette perspective, les souverainementistes du PQ espèrent même pouvoir récupérer certaines prérogatives et certains budgets du gouvernement fédéral, quitte à contracter des alliances autant que faire se pourra avec d'autres provinces du Canada anglais. On l'a dit, les indépendantistes sont loin d'avoir renoncé à larguer les amarres avec Ottawa. Pour autant, la victoire en demi-teinte de la formation de M. Bouchard ne devrait guère inciter à l'optimisme dans les rangs du PQ et de ses plus ardents partisans. D'ailleurs, les sondages qui ont fleuri au cours de la campagne électorale avaient indiqué que, si la majorité des électeurs québécois restaient favorables au PQ, ils étaient 63 % à être opposés à la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de la province.

Vers un troisième référendum au Québec ?

Par deux fois, en 1980 et en 1995, les électeurs canadiens ont refusé de voter en faveur de l'indépendance. Quoi qu'il en soit, le Premier ministre de la Belle Province, Lucien Bouchard, n'a pas désarmé pour autant et il envisageait un troisième référendum, vraisemblablement pour 1999.

Beaucoup d'observateurs pronostiquent un nouvel échec pour le champion de l'émancipation et cela pour trois raisons. D'abord, la présence d'une forte minorité, constituée d'anglophones de naissance et d'émigrés récents. Ensuite, la posture très fédéraliste des Indiens. Enfin, l'hésitation de nombreux francophones qui se sentent – et se réclament en même temps – canadiens et québécois. Plus généralement, pour des raisons économiques, à cause de la mutation que connaît la population du Québec et du jacobinisme québéquiste qui agace profondément les modérés, les chances des indépendantistes de l'emporter paraissent de plus en plus minces.

Alain Polak

Canada : bonne année économique

En 1997, politiciens et économistes avaient rivalisé d'épithètes élogieuses pour évoquer les performances de l'économie canadienne. Un an plus tard, les mêmes auraient très bien pu (aire usage de semblables qualificatifs au sujet de la croissance – « robuste, soutenue, vigoureuse » – et du budget, en équilibre pour la première fois depuis plus d'un quart de siècle. De son côté, l'opposition a joué une partition certes convenue, mais non dénuée de justesse, estimant que le gouvernement libéral d'Ottawa a sacrifié le volet social sur l'autel de la discipline budgétaire. Une antienne habituelle au Canada depuis quelques années et que l'on connaît bien, aussi, en Europe occidentale.