Journal de l'année Édition 1999 1999Éd. 1999

Pis, le Rwanda est allé jusqu'à accuser L.-D. Kabila d'avoir armé les extrémistes hutus qui, après avoir fui à la fin du génocide de 1994, tentent de revenir au Pays des mille collines par les armes. Il est vrai que les partisans du « hutu power » sont toujours présents dans le Kivu, d'où ils continuent de lancer de sanglantes opérations à l'intérieur du Rwanda. D'ailleurs, au fur et à mesure que les relations se sont dégradées entre Kinshasa et Kigali, Kabila a laissé de plus en plus de latitude aux fauteurs de génocide.

Quant au président ougandais Yoweri Museveni, il a sans doute eu l'impression d'avoir réalisé, lui aussi, une bien mauvaise affaire en soutenant, en 1997, la progression armée de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Non seulement, le nouveau chef congolais a pris rapidement ses distances avec l'Ouganda, mais des éléments congolais, souvent d'anciens soldats de l'armée de Mobutu, auraient rejoint les Forces démocratiques alliées (AFD), un mouvement d'opposition armé au président Museveni.

Aussi, le 25 août 1998, l'Ouganda, dernier allié avoué de la rébellion dirigée contre Kabila, a finalement admis avoir envoyé des troupes en RDC. Par ailleurs, il n'est pas impossible que le régime de Kampala soit animé par un dessein hégémonique dont l'objectif serait de faire de l'Ouganda la cheville ouvrière d'un ensemble régional à dominante anglophone.

Au bout du compte, la guerre congolaise a pris un double visage. D'un côté, la rébellion, déclenchée par des mutins congolais sincèrement dépités par la politique de Kabila, de l'autre, une invasion conduite par deux pays voisins, le Rwanda et l'Ouganda. Rien n'indiquait donc, à la fin de l'année, que L.-D. Kabila fût en mesure d'éviter une partition de l'ex-Zaïre.

Éric Jones

La rébellion anti-Kabila

La rébellion anti-Kabila est partie de l'est du pays, dans la région du Kivu, à la frontière du Rwanda, là où avait commencé à souffler le vent de la fronde contre Mobutu. Et, comme en 1996, les troubles ont été le fait des Banyamulenges (des Tutsis congolais d'origine rwandaise), soutenus par le régime rwandais à dominante tutsie, et par les autorités ougandaises. Le revirement des « tuteurs » de L.-D. Kabila est avant tout l'expression de leur profonde déception. C'est en effet peu d'écrire que le nouvel homme fort de Kinshasa n'a pas répondu aux espoirs de ces anciens alliés, maintenant accusés de trahison. Ainsi, les Banyamulenges, brimés par le régime de Mobutu, attendaient une reconnaissance qui n'est jamais venue.