Journal de l'année Édition 1999 1999Éd. 1999

À partir du début de 1997, avec la fuite extérieure des capitaux et les réactions des grandes places financières internationales anticipant une baisse du baht, les autorités monétaires sont intervenues massivement pour défendre la monnaie et empêcher les sorties de capitaux ; à cet effet, elles ont relevé les taux d'intérêt intérieurs, ce qui a mis en difficulté les entreprises. Ne pouvant plus emprunter, celles-ci ont réduit leurs activités, parfois presque totalement. Pour redresser la situation, les autorités monétaires sont obligées de dévaluer, le 2 juillet 1997.

Ce n'est pas pour autant que l'économie se trouve sur la voie de la relance. Bien au contraire, les réserves de devises s'épuisent, les monnaies ne peuvent plus être défendues face aux sorties de capitaux, les taux de change mis en flottement se déprécient fortement. Du côté des entreprises, entre la réduction des recettes d'exportation et l'impossibilité d'emprunter à cause de l'augmentation des taux d'intérêt, il faut freiner, sinon arrêter l'activité : il est alors impossible d'importer le matériel nécessaire à la production, de payer les fournisseurs et de verser des salaires à la main-d'œuvre. Avec des faillites en chaîne et l'éclatement des « bulles financières et immobilières », les prix baissent, ce qui empêche à nouveau la reprise. Plus d'un an après, l'économie est toujours installée dans la dépression et il semble que la sortie de crise interviendra beaucoup plus tard, probablement dans un délai de quelques années.

La contagion

L'intégration croissante du commerce intra-zone depuis la fin des années 80 va amplifier le caractère contagieux de la crise. Les monnaies de la zone autres que le baht vont être dévaluées dans des proportions considérables (de 30 à 40 %). La croissance de l'ensemble de la zone se trouve très ralentie, voire nulle, d'autant que les investisseurs étrangers n'ont pas retrouvé la confiance. Par ailleurs, l'archipel nippon a subi le contrecoup de cette crise à un point tel qu'il est frappé à son tour d'une profonde dépression, et pour en sortir, le pays s'est engagé dans une politique de réformes qui, à l'usage, se révèle particulièrement difficile à mettre en œuvre.

Gilbert Rullière

Le FMI et la crise asiatique

La crise financière qui a atteint l'Asie du Sud-Est depuis juillet 1997 a fait connaître le Fonds monétaire international à travers un engagement financier sans précédent : le FMI a prêté à la Thaïlande, à la Corée et à l'Indonésie environ 210 milliards de francs, et ses ressources propres en sont pratiquement épuisées. Cependant, il lui est reproché de ne pas avoir recommandé aux autorités de ces pays d'empêcher l'accumulation massive par les banques et les agents privés d'une dette de plus en plus courte mettant en péril leur économie tout entière. En un mot, le FMI est accusé d'avoir favorisé systématiquement la promotion d'une économie libéralisée au maximum, ouverte sur l'extérieur et avec une intervention de l'État réduite au minimum.