Journal de l'année Édition 1999 1999Éd. 1999

Annoncée dès sa prise de fonctions, la rationalisation de la production par la constitution de grands groupes industriels rappelle beaucoup les chaebols sud-coréens – dont l'endettement colossal leur vaut d'être virtuellement en faillite. Le futur programme de grands travaux financé par des emprunts d'État, peu différent dans son épure des plans japonais de relance de l'économie, dont c'est peu d'écrire qu'ils n'ont guère produit les effets escomptés, ne nous semble pas de nature à soutenir l'enthousiasme qu'il a suscité dans les milieux d'affaires en Occident.

Avec l'arrivée à la tête du gouvernement de Zhu se referme la longue période pendant laquelle Li Peng, identifié par beaucoup à la répression de Tiananmen – qu'il a cautionnée sans état d'âme –, a administré l'État chinois et, le plus souvent, freiné les réformes. En clair, la Chine est parée des plus beaux atours et l'on vante à Washington les progrès en matière de démocratie, la réussite de la transition de Deng Xiaoping à Jiang Zemin ou encore les qualités du nouveau Premier ministre, quand bien même ce dernier s'est rallié à la lecture conservatrice du massacre de Tiananmen.

Philippe de l'Enfernat

La primauté du chef de l'État

Partisan déclaré de l'ouverture économique, Zhu Rongji reste toutefois sous la haute surveillance du chef de l'État auquel il appartient de contrôler l'ouverture politique, qu'il s'agisse des affaires internes ou des relations extérieures, Jiang Zemin a ainsi fait libérer deux opposants historiques, Wei Jingsheng et Wan Dang « pour raisons de santé ». C'est également le président de la République qui a eu la haute main sur la décision de signer le second pacte des Nations unies sur les droits civiques et politiques. Deux gestes dont le gouvernement a rapidement récolté les fruits puisque l'Union européenne, bientôt rejointe par les États-Unis, s'est engagée à ne plus voter de condamnation de la Chine à la Commission des droits de l'homme à Genève. Le réchauffement des relations avec les États-Unis s'est poursuivi avec la visite à Pékin, en juin 1998, du locataire de la Maison-Blanche.