Enfin, pour comprendre comment fonctionne un volcan à hauts risques, un groupe de travail a sélectionné les volcans de la décennie, seize volcans actifs à travers le monde. Six sont situés en Asie (Kamtchatka, Sakurajima et Unzen, Taal, Merapi, Ulwun), cinq en Amérique (Mauna Loa et Rainier, Colima, Santiaguito, Galeras), trois en Europe (Etna, Vésuve, Santorin), deux en Afrique (Canaries, Niragongo).

Volcanologues et pétrologues

Les volcans sont le résultat et l'expression de surface d'anomalies thermiques dans la croûte et le manteau, certaines pouvant s'enraciner à plus de 2 900 km de profondeur, à la limite entre noyau et manteau. Les magmas formés par la fusion partielle de matériaux solides sont relativement légers et montent vers la surface. Ils constituent un moyen efficace de transport de la matière et de la chaleur dans les planètes comme la Terre. D'importants phénomènes de contamination et de modification chimiques se produisent au cours de l'ascension à travers les niveaux superficiels de la lithosphère. Les magmas réagissent aussi au contact de l'eau avant et pendant les éruptions explosives. Enfin, les éléments volatils des gaz volcaniques jouent un rôle essentiel dans la composition de l'atmosphère terrestre actuelle. À chaque éruption, un panache de volume important (plusieurs milliards de m3) est libéré dans la troposphère et parfois la stratosphère. Les poussières et les aérosols d'acide sulfurique qui circulent en altitude contribuent puissamment à modifier les paramètres climatiques mondiaux et, par conséquent, la biosphère pendant au moins quelques années. Des éruptions volcaniques répétées et hypertrophiées ont dû jouer un certain rôle dans l'extinction en masse d'êtres vivants au cours des temps géologiques. Tous ces éléments sont pris en compte par les commissions de l'IAVCEI. En effet, le domaine de la volcanologie devient si large que les chercheurs scientifiques de nombreuses disciplines des sciences de la Terre doivent coopérer pour étudier et comprendre les volcans.

Les commissions sur la chimie des gaz, le volcanisme explosif, la réduction des désastres, les lacs et les sédiments volcaniques, les liens avec l'atmosphère, la sismologie en terrain volcanique, la télédétection et l'organisation des observatoires ont de ; objets purement volcaniques et évaluent leurs impacts sur l'environnement et l'activité biologique. Cependant, depuis 1991, tout en conservant ses activités traditionnelles, l'IAVCEI se recentre progressivement sur les relations entre les matériaux de l'intérieur de la Terre, l'hydrosphère et l'atmosphère. Les commissions récemment créées sur les provinces basaltiques, les granités et les propriétés physico-chimiques des matériaux de l'intérieur de la Terre illustrent le souci de mettre en relation les éruptions volcaniques, manifestations de surface, et les phénomènes profonds qui les ont provoquées. L'évolution est à peine amorcée et, actuellement, deux populations distinctes coexistent au sein de l'IAVCEI, celle des volcanologues, intéressés au premier chef par la dynamique des éruptions, les produits volcaniques, l'histoire des volcans et la détermination des risques encourus dans les régions peuplées, et celle des pétrologues, étudiant les magmas et l'évolution de la Terre à partir des objets géologiques plus anciens ou des expériences en laboratoire. Cette apparente dichotomie se marque dans les deux congrès organisés par l'association en 1998 : « Cités sur des volcans » à Rome et Naples (Italie) et « Diversité magmatique – Volcans et leurs racines » au Cap (Afrique du Sud). À terme, elle est appelée à disparaître, car la prévention des risques et la compréhension physique des éruptions ne peuvent se concevoir sans la connaissance des phénomènes de formation et d'ascension des magmas. Les branches de la science, surtout les disciplines de la nature, ne peuvent se développer sans l'intérêt, la compréhension et le soutien du public. La volcanologie comptait il y a plus de cinquante ans peu de professionnels, travaillant individuellement et souvent considérés comme des personnalités excentriques. Depuis, la situation a évolué considérablement. L'activité de vulgarisation auprès du public de personnalités comme Haroun Tazieff ou les Krafft a suscité des vocations. Les moyens attribués à la volcanologie ont, en outre, bénéficié du choc émotionnel provoqué par des événements tragiques, comme la destruction de Saint-Pierre à la Martinique et d'Armero en Colombie, et de l'impact médiatique des éruptions du St. Helens, du Chichon et du Pinatubo.