La volcanologie

Par ses ouvrages et plus encore, peut-être, par ses films, Haroun Tazieff a incarné les volcans pendant près de cinquante ans. Faisant partie des personnalités étrangères les plus connues aux États-Unis, il a illustré les trois aspects fondamentaux des volcans : la beauté du paysage, l'effort sportif pour y accéder et l'intérêt de leur étude scientifique. Haroun Tazieff est décédé le 2 décembre 1997. Que restera-t-il de son œuvre et comment la volcanologie évolue-t-elle ?

La volcanologie est une discipline des sciences de la Terre qui attire et fascine l'homme depuis longtemps. Dans l'Antiquité déjà, l'éruption catastrophique du Santorin devint dans l'inconscient collectif le mythe de l'Atlantide. Le Grec Empédocle pénétra dans le cratère actif de l'Etna, supposé représenter la cheminée des forges d'Héphaïstos, pour observer ce qui s'y passait. Plus près de nous, les volcans éteints de la chaîne des Puys furent reconnus par Montlosier par comparaison avec les volcans actifs de l'Italie. Au milieu du xixe siècle, Fouqué effectua la première étude d'une éruption volcanique sur le Santorin. Après la catastrophe de Saint-Pierre en Martinique le 8 mai 1902, Lacroix fut envoyé par l'Académie des sciences de Paris sur la montagne Pelée et en rapporta les premières photographies de l'émission d'une nuée ardente. Persuadé de l'importance de l'étude des volcans et du rôle des géologues dans la prévention des risques, Lacroix fonda en 1922 avec Malladra (Italie) et Washington (États-Unis) la section de volcanologie de l'Union internationale de géodésie et de géophysique (IUGG), devenue en 1967 l'Association internationale de volcanologie et de chimie de l'intérieur de la Terre (IAVCEI). Cependant, la volcanologie resta une discipline marginale et les volcans étaient rarement pris en compte dans l'évolution de la surface du globe. Par exemple, jusque dans les années 70, le certificat universitaire de « géologie historique » ne traitait que l'histoire des bassins sédimentaires et des chaînes de montagnes.

Un trio célèbre

Avec Jacques-Yves Cousteau et Paul-Émile Victor, Haroun Tazieff a formé un trio célèbre dans le monde entier pour leur goût de la vulgarisation et du contact avec le grand public. Il a eu le mérite d'avoir popularisé l'idée que les volcans constituent une manifestation, certes spectaculaire mais essentielle, d'une planète en constante évolution. Sur le plan scientifique, il a, dès les années 50, reconnu l'importance des gaz dans la dynamique des éruptions et développé des appareillages spécifiques. Ensuite, il s'est impliqué avec fougue dans la prévention des risques naturels, pas uniquement volcaniques, et c'est dans ce domaine qu'il a certainement été le plus discuté et critiqué. Parallèlement aux activités d'Haroun Tazieff, la communauté scientifique internationale s'est aussi préoccupée des dangers présentés par les volcans et des moyens pour les prévenir. À partir du choc provoqué par l'activité de la Soufrière de Guadeloupe en 1976, les volcanologues ont mieux compris la nécessité de mettre en commun leur savoir-faire. Le résultat paradoxal de cette crise où les questions de personnes ont été centrales a été de favoriser les études pluridisciplinaires et de réunir les compétences des différentes équipes internationales.

Dans cette évolution, l'IAVCEI joue un rôle majeur à travers ses comités et ses commissions. Les comités sont créés pour une durée limitée avec un but bien défini, par exemple les protocoles de crises, l'alerte volcanique et la mise en garde de la population, l'annuaire des experts volcanologues. Les commissions permanentes regroupent les scientifiques, qui exposent leurs résultats dans les sessions qu'elles organisent au sein des congrès annuels de l'IAVCEI et d'autres manifestations internationales, et concernent des disciplines variées, comme la géologie, la pétrologie, la géochimie, la géophysique et la télédétection. L'IAVCEI est l'organisation non gouvernementale la plus importante s'occupant de l'étude des risques volcaniques et de l'éducation des populations. Elle encourage la coopération entre ses membres et participe à la décennie des risques naturels proclamée par l'ONU par le choix des « volcans de la décennie ».

Les volcans de la décennie

Les Nations unies ont lance un programme de réduction des désastres naturels de 1990 à 1999. L'IAVCEI y prend part en éditant des vidéos sur les risques volcaniques afin de mettre en garde les populations concernées, en élaborant des systèmes d'alerte et des protocoles de conduite pour la gestion d'une crise et la sauvegarde des personnes.