À cause du blocus, l'Irak connaît une situation économique et sanitaire dramatique ; la résolution « pétrole contre nourriture » est perçue comme une aumône humiliante et les États-Unis pratiquent une ingérence quotidienne sous le couvert de l'Unscom. Finalement, en s'opposant à l'ONU, S. Hussein aura réussi à braquer les projecteurs sur un pays plutôt menacé que menaçant. Quant au risque d'une nouvelle guerre, s'il est fort probable que Bagdad ne l'a pas écarté, convenons que, dans le contexte régional et international, les probabilités de l'embrasement étaient plutôt minces. B. Clinton n'a pas réussi à être l'artisan de la paix au Proche-Orient (échec de la relance des négociations israélo-palestiniennes) et a échoué à enrôler ses alliés habituels, Japon et pays européens, dans le boycottage de l'Iran. Enfin, on savait que la conférence de Doha sur le développement économique de la région allait être marquée par l'absence de la plupart des pays arabes. L'isolement des États-Unis n'a pas échappé à l'Irak. Bagdad a donc fait le pari que la Maison-Blanche ne pourrait pas reconstituer la coalition de 1991 sous le seul prétexte que les experts de l'ONU avaient « envahi » l'Irak.

Philippe Faverjon

L'Unscom (United Nations Special Commission)

Créée en avril 1991 en vertu de la résolution 627 imposant le cessez-le-feu dans la guerre du Golfe, la Commission spéciale de l'ONU chargée du désarmement de l'Irak (Unscom, United Nations Special Commission) est chargée de supprimer les armes de destruction massive dont dispose Bagdad et de veiller à ce que le régime du président Saddam Hussein ne puisse reconstituer son arsenal. Lorsque l'Unscom a commencé ses premières inspections, on estimait qu'en six mois l'Irak serait désarmé : six ans plus tard, personne n'était en mesure de conclure que l'Unscom avait rempli sa mission.