Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Dès 1995, Arianespace, la société européenne chargée de commercialiser les fusées Ariane, a commandé à l'industrie 14 exemplaires d'Ariane 5, pour un coût de 12 milliards de francs. À brève échéance devrait intervenir une nouvelle commande de 50 exemplaires en deux lots, le premier de 20 lanceurs, le second de 30. Commercialisé pour commercer aux alentours de 120 millions de dollars pièce, contre 90 à 110 millions de dollars pour une Ariane 4, le nouveau lanceur mettra le prix de revient du « kilo de satellite géostationnaire placé en orbite » entre 25 000 et 30 000 dollars. Ce n'est qu'après le tir des 14 premières fusées que la barre pourra descendre à 18 000 dollars par kilo en orbite, un niveau qui risque d'être tout juste compétitif face à la concurrence américaine, russe ou chinoise. Quoi qu'il en soit, la rentabilité du programme ne devrait être assurée que vers le 20e lancement.

Malgré les progrès de la miniaturisation, les satellites ne cessent de grossir. En 1994, 60 % des satellites à lancer pesaient moins de 2,4 t. En 2004, ils seront autant à faire plus de 2,5 t et 20 % à dépasser 3,5 t. Or, Ariane 5 ne sera rentable que si elle est capable d'effectuer des lancements doubles. Aussi des projets d'amélioration des performances de la fusée sont-ils déjà engagés : ils devraient permettre à Ariane 5 d'emporter 1 000 kg de plus en 2002, puis encore 1 000 kg supplémentaires l'année suivante, et d'être finalement capable, en 2006, après diverses modifications, d'expédier 11 t dans l'espace.

Philippe de La Cotardière