Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Toute l'ambiguïté du dispositif est bien là. Elle tient à la nature même des métiers qui bénéficieront du dispositif d'aide publique. Soit ils sont par nature insolvables et peu « qualifiants » – et, donc, ils devraient logiquement faire l'objet d'un financement global assorti d'une formation permettant aux jeunes de « rebondir » sur le marché du travail –, soit ils répondent à de véritables besoins sociaux. Dans ce cas, ces « nouveaux métiers » (aide éducateur, agent d'ambiance, médiateur familial...) risquent de se substituer à d'anciens emplois (instituteur, surveillant, assistante sociale) que l'État ne peut ou ne veut plus rémunérer à leur juste valeur. Ce même effet d'éviction guette d'ailleurs certains métiers du secteur privé, notamment dans les domaines du logement, de l'entretien et de la sécurité. Deux exemples : la loi Aubry prévoit d'aider les emplois « d'agent de gestion locative » et « d'agent d'entretien polyvalent ». Or, le premier entre en concurrence directe avec celui, pourtant traditionnel, de régisseur. L'apparition du second métier risque de remettre en cause l'ensemble des contrats liant les offices d'HLM aux sociétés privées de nettoyage !

C'est pour éviter de tels effets pervers que les députés ont obtenu du gouvernement qu'il dresse un premier bilan du plan emploi-jeunes au 31 décembre 1998, afin de confirmer ou d'infirmer les craintes pesant sur le dispositif. Une chose est sûre, dès le mois de septembre, les jeunes concernés plébiscitaient le projet de loi en déposant plus de 40 000 candidatures dans les rectorats. Il reste à espérer que leurs attentes ne seront pas déçues.

J.F. P.

L'opposition divisée sur le vote du texte

Partageant la gauche et la droite selon un clivage, désormais traditionnel, entre partisans de l'intervention de l'État et libéraux purs et durs, le plan emploi-jeunes était adopté avec la neutralité bienveillante d'une fraction de l'opposition. En septembre, lors du premier vote devant l'Assemblée nationale et alors même que RPR et UDF appelaient à s'opposer au texte, 38 députés de l'opposition s'abstenaient de voter, 3 autres, dont Jean-Pierre Soisson, ancien ministre du Travail, votaient même en faveur du texte.