Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Un PNR est créé à l'initiative d'une Région sur un territoire rural au patrimoine naturel et culturel riche, mais fragile, plus vite atteint que d'autres par les bouleversements du monde rural (désertification, récession agricole). Son territoire correspond aux communes – en moyenne 80, ce qui lui confère une taille critique – qui adhèrent volontairement à la charte du parc, véritable document constitutif.

La charte est le contrat qui concrétise le projet de protection et de développement élaboré pour le territoire, fixe les objectifs à atteindre, les actions à mener. Elle engage pour une durée de dix ans l'État et les collectivités territoriales adhérentes. Passé ce délai, une procédure de révision permet, en fonction du bilan du parc ou si des changements importants sont intervenus (quant au territoire du parc, aux infrastructures, à l'urbanisation) de redéfinir un nouveau projet décennal. Enfin, le label de parc naturel régional peut être retiré par le ministère de l'Environnement s'il estime que la charte n'a pas été respectée.

Il ne saurait y avoir de parc sans projet. Ce dernier est mis en œuvre par l'organisme gestionnaire regroupant l'ensemble des collectivités (Région, départements, communes). Selon la volonté de la Fédération des PNR, ce projet doit être « négocié avec l'ensemble des élus, des socioprofessionnels, des habitants du territoire ». Il peut s'agir, comme c'est le cas dans le Haut-Languedoc, de valoriser des ressources locales grâce à l'attribution de la marque « parc naturel » à des produits artisanaux de qualité ; de définir clairement les espaces à protéger et ceux où favoriser l'habitat, comme le fit le parc du Lubéron dès sa création, de freiner le dépeuplement en donnant la priorité au développement local et donc en maintenant, voire en créant des emplois durables, comme cela se fait dans le parc de la Brenne (un projet qui n'est pas antinomique, mais complémentaire avec les actions classiques de préservation du patrimoine naturel). Le parc du Livarois-Forez a, quant à lui, adopté une démarche de soutien à la création d'entreprises culturelles, celui de Corse a choisi de valoriser l'intérieur de l'île à partir de l'activité touristique de randonnée.

L'impact économique

L'effet d'impact des parcs naturels régionaux serait loin d'être négligeable, selon une étude de la Caisse des dépôts et consignations rendue publique en juin 1996 et portant sur 27 parcs. Ceux-ci auraient contribué, pour l'année de référence 1994, à la création ou au maintien de 5 000 à 5 500 emplois : 900 emplois directs (salariés des parcs), 1 300 à 1 400 emplois indirects (liés aux dépenses d'investissement et de fonctionnement effectuées par les parcs sur leurs territoires), et de 2 800 à 3 200 emplois induits dans les activités économiques ayant bénéficié de l'appui des parcs.

De nouveaux candidats au classement

Les PNR se sont par ailleurs dotés en leur sein d'équipes allant de 15 à 30 personnes, titulaires ou contractuels de la fonction publique territoriale. Au fil du temps, ces équipes sont devenues de plus en plus professionnelles dans leur domaine de compétence, alliant des techniciens de l'environnement à des économistes spécialistes du développement local. Leur budget de fonctionnement – il est en moyenne de 6 à 7 millions de francs – est abondé pour partie par la Région (entre 30 et 40 %), l'État (15 %), les communes (entre 5 et 10 %), et de manière très variable par les départements et par la Communauté européenne (dont les dotations s'accroissent).

Au fur et à mesure que les parcs affirmaient leur savoir-faire, non seulement en matière de protection du patrimoine naturel, mais aussi comme instrument de développement local en générant des – activités économiques et donc des emplois directs et induits, les candidats au classement se sont faits plus nombreux. Au premier semestre 1997, quatre territoires supplémentaires étaient porteurs de « vrais projets » et soutenus en tant que tels par la Fédération des PNR, le centre de ressources et de concertation des parcs. Ainsi, le Périgord-Limousin, l'Avesnois (Nord-Pas-de-Calais), le Gâtinais et le Perche sont des territoires en « voie imminente de classement » après qu'ils ont travaillé à l'élaboration de leur charte, document qui requiert en moyenne cinq années de concertation entre les différents acteurs.

À la recherche d'un nouveau souffle

Cet afflux de candidatures, s'il est la marque d'une indéniable réussite, conduit la Fédération des PNR à placer la barre de plus en plus haut pour un éventuel classement par le ministère de tutelle. Dominique Voynet, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, s'est clairement exprimée à ce sujet lors du trentième anniversaire des parcs. Elle a souligné que la marque « parc naturel régional » devait être « lisible » et se distinguer du « hors-parc ». Les nouveaux projets délimités par les Régions devront en conséquence « exclure à leur périphérie toute zone dégradée par l'urbanisation, les activités, les infrastructures et se limiter à un cœur de Parc incontestable ».