Disciplines

Athlétisme

Graines de stars

Dans les épreuves de fond et de demi-fond, la saison post-olympique a révélé de nouveaux champions, aussi jeunes que talentueux. Le premier d'entre eux, Daniel Komen, est sorti de l'anonymat après avoir naïvement raté le record du monde du 3 000 m. Lors du meeting de Monaco, il a oublié de regarder le panneau lumineux sur lequel défilaient les secondes et a manqué le record pour 5 minuscules centièmes, après avoir ralenti dans les 200 derniers mètres. Le distrait a finalement inscrit son nom sur les tablettes (en 7′ 20″ 67) quelques jours plus tard, à l'occasion de la réunion de Rieti, en Italie. À seulement vingt ans, D. Komen s'affirme comme le plus sûr espoir de l'athlétisme kenyan.

Le Marocain Salah Hissou (vingt-quatre ans) a lui aussi bousculé la hiérarchie mondiale. À Bruxelles, celui que l'on présente comme le digne successeur de Saïd Aouita a pulvérisé le record du monde du 10 000 m (en 26′ 38″ 08), au grand dam de l'Éthiopien Haile Gebreselassie, précédent détenteur, battu de plus de 5 secondes. Seul regret pour Salah Hissou : aux jeux Olympiques d'Atlanta, il n'a décroché qu'une médaille de bronze, alors que son immense talent aurait dû le propulser sur la plus haute marche du podium.

L'autre révélation de l'année est également marocaine. Hicham El Guerrouj (vingt-deux ans) s'est offert le luxe de devancer l'Algérien Noureddine Morceli — jusque-là intouchable sur 1 500 m — en finale du Grand Prix IAAF.

Plus âgée, mais tout aussi prometteuse, la Russe Svetlana Masterkova (vingt-huit ans) a fait une entrée fulgurante dans la cour des grands de ce monde. Championne olympique sur 800 m et 1 500 m, elle a en outre amélioré deux records du monde, ceux du mile (4′ 12″ 56) et du 1 000 m (2′ 28″ 98).

Automobile

Le Championnat du monde s'est joué entre les deux pilotes Williams-Renault Damon Hill et Jacques Villeneuve lors du dernier Grand Prix de la saison à Suzuka, au Japon. Hill, en tête du classement tout au long de l'année, devait assurer au moins une 6e place pour être sacré. Le Britannique a fait beaucoup mieux. Il a remporté avec panache cette ultime épreuve, réussissant au passage l'une des meilleures courses de sa carrière. Vainqueur de 8 Grands Prix sur 16, il a enfin décroché une couronne qui lui avait échappé en 94 et 95 au profit de Michael Schumacher. Vingt-huit ans après son père, Graham, Damon Hill obtenait ainsi un titre amplement mérité. Fidèle à sa curieuse habitude, Frank Williams, le patron de l'écurie Williams-Renault, décidait de se séparer de son leader, comme il l'avait fait auparavant avec Nelson Piquet, Nigel Mansell et/ou Alain Prost. Peu avant la fin du Championnat, Hill acceptait l'offre de la modeste écurie britannique TWR-Arrows. Un transfert financièrement juteux mais sportivement bien incertain.

Frank Williams est un responsable d'écurie dur, intransigeant et parfois déconcertant, mais il a du flair. En recrutant Jacques Villeneuve, il a fait mouche. À vingt-cinq ans, le fils du regretté Gilles Villeneuve a réussi une première saison exemplaire. Venant du Championnat Indy Car (la formule 1 américaine), il a su éviter avec brio les pièges de la F1. Il a remporté 4 Grands Prix et terminé 11 fois sur le podium. Signes d'une régularité et d'une solidité étonnantes pour un pilote novice. L'écurie Williams-Renault a donc survolé la saison. Avec 12 victoires, elle n'a laissé que des miettés à ses adversaires. Williams a ainsi empoché son 8e titre de champion du monde des constructeurs en seize ans, et Renault son 5e d'affilée. Après avoir écrasé la concurrence, le constructeur français a annoncé au mois de juin son retrait de la formule 1 fin 1997. Une décision dictée par le souci de quitter la compétition en plein succès. Cette saison 96 a été également marquée par le retour au premier plan de Ferrari, qui a pris la 2e place au classement des constructeurs. En recrutant à prix d'or le double champion du monde Michael Schumacher, la Scuderia semble avoir entamé son renouveau. Le pilote allemand a remporté 3 Grands Prix au terme de 3 courses exceptionnelles. À Barcelone, sous une pluie battante, Schumacher a réussi un éblouissant cavalier seul qui restera dans les annales de la formule 1. Saison décevante, en revanche, pour l'écurie Benetton-Renault, championne du monde en titre, qui termine l'année sans victoire. Les deux nouveaux pilotes de l'écurie, Jean Alesi et Gerhard Berger, n'ont pas démérité, mais leur voiture n'a jamais été très compétitive. On n'oubliera pas, enfin, la victoire très inattendue, la première de sa carrière, du Français Olivier Panis à Monaco, à l'issue d'une course-hécatombe. L'écurie Ligier n'avait plus gagné de Grand Prix depuis quinze ans.