Sciences de la terre

L'année 1996 a été marquée par le retour des questions posées par la vie : comment expliquer les grands changements de peuplements d'êtres vivants ? Y a-t-il de la vie ailleurs que sur notre planète ? Ces questions ont été débattues au cours du XXXe Congrès géologique international, tenu à Pékin du 4 au 14 août.

L'extinction en masse des êtres vivants

Pour attirer des personnes extérieures à la profession de géologue, le plus sûr est d'organiser une séance sur les dinosaures ou la vie extraterrestre. Il se trouve qu'à Pékin, les deux thèmes ont été abordés.

Deux limites géologiques sont célèbres pour la disparition d'un nombre considérable d'espèces vivantes en un temps très court. La limite permientrias d'il y a 250 millions d'années a vu l'extinction de plus de 60 % des espèces existantes et celle du crétacé-tertiaire d'il y a 65 millions d'années est connue pour le destin tragique des dinosaures et des ammonites, favorisant l'émergence des mammifères, dont l'homme fait partie.

Pourquoi ces hécatombes ? Deux théories s'opposent : celle de l'éruption volcanique de très grand volume et celle de la chute catastrophique d'une météorite géante. Une troisième théorie suggère même que, sous l'impact d'une météorite géante, les couches externes du globe se fracturent, ce qui facilite les éruptions volcaniques. Or, dans les deux périodes étudiées, il semble bien que les deux types d'événements se soient produits à peu près en même temps, provoquant un bouleversement climatique court, mais suffisamment intense pour causer la disparition des espèces les moins bien armées. Toutes les discussions viennent de ce que l'on entend par « à peu près en même temps ». Pour trancher, il faut obtenir des datations très précises, avec une marge d'incertitude inférieure au million d'années ; c'est ce qui fait actuellement défaut.

La vie sur Mars ?

Avant même sa publication dans le numéro d'août de Science, un article de recherche a fait sensation : on aurait trouvé des traces de vie sur Mars. Qu'en est-il exactement ?

L'article de Science, signé par huit chercheurs américains et un canadien, s'intitule « À la recherche de la vie passée sur Mars : restes possibles d'activité biologique dans la météorite martienne ALH84001 ». En six pages, les auteurs exposent qu'ils ont détecté dans des fragments de cette météorite de grandes quantités d'hydrocarbures aromatiques polycycliques et analysé des globules de carbonates contenant des inclusions de magnétite (oxyde de fer) et de sulfures, ressemblant aux concrétions produites par certaines bactéries terrestres. Sans exclure une origine non biologique, ils estiment que les processus biologiques expliquent mieux leurs observations.

La météorite ALH84001 est tombée il y a 13 000 ans dans les Allan Hills, en Antarctique. Comment savoir qu'une telle météorite vient de Mars ? Un petit groupe de météorites, les SNC, se distingue des météorites ordinaires par leur relative jeunesse (1,2-1,3 milliard d'années) et, surtout, par la présence de gaz dont la composition est celle de l'atmosphère martienne. Comme la planète Mars présente une surface relativement jeune dans son hémisphère nord, il est tentant de conclure que les SNC sont des fragments de la surface martienne arrachés par un impact de météorite particulièrement violent et envoyés sur la Terre.

ALH84001 diffère des SNC par la quantité importante de carbonates qu'elle renferme et son âge plus ancien. Les chercheurs restent divisés sur l'origine des carbonates mais s'accordent sur le fait que ceux-ci se sont formés dans l'espace. En revanche, leurs opinions divergent quant à la température de formation, les estimations allant de 0-80 °C à plus de 700 °C, valeur incompatible avec la vie.

En conclusion, beaucoup de questions restent posées. Si toutes les réponses sont favorables, alors oui, quelque chose d'analogue aux bactéries terrestres a existé il y a 3,6 milliards d'années sur Mars. Mais il n'est pas possible d'affirmer que la preuve définitive a été trouvée.

Bernard Bonin