Le gouvernement britannique s'est résolu à porter à la connaissance des autres pays qu'une crise allait survenir quand il a senti qu'elle ne pourrait pas être jugulée. Il décida, dans ces conditions, de prendre non seulement des mesures d'urgence (abattage du bétail malade), mais aussi des dispositions en matière de recherche pour lever l'incertitude quant à la transmissibilité. À cet effet, le gouvernement britannique débloqua la somme de 4,5 millions de livres (35 millions de francs) en crédits de recherche. Au mois d'octobre 1996, dans un article de la revue Nature, le professeur J. Collinge, par ses travaux de biologie moléculaire, apporta et la preuve directe tant attendue de la transmissibilité et aussi la justification, après coup, de l'embargo prononcé en premier par le gouvernement français comme du programme d'abattage britannique. Il fit appel à une technique qui permit d'identifier la signature biochimique des protéines pathologiques impliquées dans la MCJ.

Un tiers

Au 31 mars 1994, au Royaume-Uni, 123 904 cas d'ESB avaient été recensés, appartenant à 30 024 troupeaux (soit près de 30 % du cheptel britannique).

Négociations intercommunautaires

L'embargo comme le programme d'abattage du bétail britannique donnèrent lieu à de longues et difficiles négociations entre la Grande-Bretagne et ses autres partenaires européens. L'embargo fut prononcé dans le but de protéger la santé publique. De leur côté, les autorités britanniques n'acceptèrent d'abattre le bétail malade que dans la mesure où l'Union européenne contribua au financement du programme. Les éleveurs et les industriels de la viande ont, quant à eux, obtenu de très larges compensations, tant de l'Union européenne que du gouvernement français.

Coût

Le ministère français des Finances a rendu publiques, le 4 avril 1996, ses estimations du coût des mesures à la charge de l'Union afin d'enrayer la crise de la « vache folle » : près de 11 milliards de francs sur cinq ans. L'abattage des bovins britanniques de plus de trente mois (4 millions de têtes) et l'indemnisation reviendraient à 320 millions d'écus par an pendant cinq ans, soit un peu plus de 10 milliards de francs au total. Il faut y ajouter 19 millions d'écus (environ 120 millions de francs) pour l'abattage des veaux britanniques élevés hors de la Grande-Bretagne (70 000 en France, 64 000 aux Pays-Bas, 25 000 en Belgique).

Philippe Baralon, Philippe Duneton, Martin Hirsch, Florence Noiville, l'Affolante Histoire de la vache folle, Balland, 1996.

Gilbert Rullière
directeur de recherches au CNRS professeur à l'université de Lyon-I