Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais) est la station de ski française la plus septentrionale. Sur un terril haut de 115 mètres, encombrant vestige d'un passé récent, seul relief au cœur du plat pays, les amateurs de sports d'hiver peuvent s'adonner à leurs joies favorites sur une piste synthétique composée de 64 000 plaques de PVC. Rien ne manque : trois niveaux de difficulté, deux remonte-pentes et un bar d'altitude. Les 130 millions investis viennent de Bruxelles et du conseil général. Il en coûte 35 F les deux heures de ski.

Dans le même ordre d'idées, la réhabilitation de la friche industrielle de la fosse Ledoux à Condé-sur-l'Escaut (Nord) est exemplaire. Le domaine de 230 ha, dont une cinquantaine de surface lacustre, a été couronné par le prix de l'Arbre d'argent, qui récompense les plus beaux espaces paysagers français. Les travaux se sont échelonnés entre 1990 et 1994. En 1996, les cygnes évoluent sur les lacs et on rêve d'y accueillir une épreuve des jeux Olympiques en 2004... si le CIO retient la candidature lilloise.

Pierre Mauroy a justement pris la tête de l'association Lille 2004, qui porte les couleurs de la ville candidate à l'organisation des jeux Olympiques. Le budget de candidature atteint 80 millions de francs alimenté à parts égales par Lille et la communauté urbaine, les entreprises régionales, la Région et les deux départements, l'État, enfin.

Deux ans après l'incendie de la gare de Marée, Boulogne-sur-Mer est devenue le premier centre européen du traitement des produits de la mer. 85 entreprises agroalimentaires y sont représentées, dont Nestlé-Findus, Krustanord (traitement des crevettes tropicales), Reynaud (mareyage), Gelmer (aliments préfrits et précuits), etc.

Malgré les quotas de capture et des normes européennes de plus en plus contraignantes, Boulogne compte sur l'accroissement continu de la consommation de poisson.

Après deux années de travaux, la nouvelle aérogare de Lille-Lesquin est entrée en service. Elle pourra accueillir jusqu'à 1,5 million de passagers par an. Onzième aéroport français avec 900 000 passagers, Lille-Lesquin est parvenue à stabiliser ses trafics voyageurs et fret malgré la concurrence du TGV. Air-Inter-Europe, qui assure plus de la moitié de l'activité de l'aéroport, a ouvert des lignes vers Montpellier, Toulouse et Bordeaux.

Le Nord-Pas-de-Calais est la deuxième Région pour la création d'emplois liés aux investissements étrangers, et la première pour les emplois « générés » par les primes d'aménagement du territoire versées par la DATAR.

Basse-Normandie

Vendredi 28 juin : journée « ville morte » à Argentan (Orne). Moulinex (11 300 salariés) va supprimer 2 600 emplois en trois ans, dont 1 800 en Normandie. L'usine d'Argentan (262 salariés) va être fermée ; les effectifs de l'établissement d'Alençon passeront de 1 500 à 1 000 salariés. Les autres pôles de production seront spécialisés, mais peut-être ne sont-ils qu'en sursis. Pierre Blayau, président du directoire de Moulinex, espère parvenir à « zéro licenciement subi » par le jeu des départs en préretraite, des reclassements et la réduction du temps de travail. C'est un coup dur pour une Région qui apprend en même temps des réductions d'effectifs au Crédit Lyonnais (Bayeux), chez Akaï (Honfleur), chez Idéa (Villers-Bocage). Comme si cela ne suffisait pas, Cherbourg, depuis l'annonce du plan de restructuration de la Direction des constructions navales (DCN), vit avec le spectre d'une réduction de moitié des effectifs de l'arsenal. L'arsenal, c'est plus de 4 000 salariés, des milliers d'emplois induits, des centaines de PME sous-traitantes ; c'est aussi 1,5 milliard de francs injectés dans l'économie du nord-Cotentin, c'est le quart des recettes fiscales de la communauté urbaine de Cherbourg.

La Basse-Normandie verdoyante et détrempée, irriguée par un réseau de 4 500 km de cours d'eau, fait l'apprentissage de la sécheresse. Après un hiver sec (il a plu deux fois moins que d'habitude), le déficit pluviométrique a dépassé 80 % de juin à août. Les trois départements ont dû prendre des arrêtés limitant les usages de l'eau. Les productions des cultures maraîchères chutent de 20 à 40 %. Les éleveurs, déjà touchés par la crise de la « vache folle », sont doublement affectés. Les prélèvements d'eau dans les rivières pour l'irrigation et l'approvisionnement des villes sont limités par la « loi pêche », qui garantit un débit minimal pour protéger la flore et la faune.

Haute-Normandie

Encouragées par Jacques Chirac, venu en septembre 1995, les autorités du port du Havre voudraient bien donner un nouvel élan à leur organisme portuaire, distancé par les concurrents du Benelux. Le projet « Port 2000 » élaboré par la préfecture de Région visait à construire de nouveaux appontements en eau profonde, directement sur le fleuve : il fallait confirmer Le Havre dans son rôle de premier port français pour le trafic de conteneurs, trafic appelé à se développer de 8 à 10 % par an jusqu'à l'horizon 2005. Ce projet a provoqué un double tollé. Celui des marins-pêcheurs, inquiets pour l'avenir de certaines espèces de poissons qui perdraient ainsi leur principale zone de reproduction. Celui des écologistes, qui voient le risque d'abandon d'une réserve naturelle, située entre les ponts de Normandie et de Tancarville, pour laquelle ils se battent depuis plusieurs années. Soutenus par Bruxelles, les marins-pêcheurs et les écologistes le sont aussi par les élues de la Côte Fleurie : Corinne Lepage, maire adjoint de Cabourg et ministre de l'Environnement, Anne d'Ornano, maire de Deauville, Nicole Ameline, député d'Honfleur. En effet, la réalisation de « Port 2000 » risque de modifier le régime de la Seine et, en conséquence, d'envaser leurs plages. On se donne un délai de deux ans avant d'entreprendre l'aménagement industrialo-portuaire de la basse plaine alluviale. Plusieurs grands groupes industriels français et étrangers étaient déjà sur les rangs pour s'y installer.

Pays de la Loire

La loi de protection du littoral (1986), qui pose pour principe l'interdiction de toute construction nouvelle sur une bande de 100 mètres de large à partir du rivage, a peu d'utilité dans la Région, où le littoral est urbanisé à plus de 90 % depuis les années 60. On a tout de même voulu sauver ce qui pouvait l'être : le plan « Loire, grandeur nature » (1994) protège sur 16 500 ha une véritable écharpe verte entre Nantes et Saint-Nazaire. Mais les besoins en espace du port, de la raffinerie Elf à Donges, de Gaz de France sur son terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne, d'EDF pour sa centrale de Cordemais créent une pression et une menace croissantes.