Chrono. : 22/01, 2/02, 9/04, 17/05, 22/05, 18/06, 21/08, 25/09, 4/11.

Jordanie

Appréciée des États-Unis depuis son traité de paix avec Israël (1994), la Jordanie, que 2 500 marines américains en manœuvre ont visitée en août, bénéficie de la générosité américaine (400 millions de dollars par an). Amman impose à une opposition bien contrôlée une normalisation pour le moment minimale des relations jordano-israéliennes et plaide pour que la Syrie ouvre des négociations de paix avec Israël. Plus audacieux sur le front irakien, le roi Hussein apporte sa contribution à la déstabilisation du régime voisin en accueillant amicalement le gendre de Saddam Hussein, le général Hussein Kamal Hassan en août, passé à l'opposition.

Syrie et Liban

Vivement critiqué en Syrie, l'accord de Taba signé à Washington constitue, pour le président Hafez el-Asad, un exemple à ne pas suivre dans le règlement du contentieux relatif aux 1 200 km du plateau du Golan occupés et annexés par Israël. D'un point de vue de politique intérieure, le report d'une récupération intégrale de ce territoire vaut mieux qu'un épineux compromis. Cédant pourtant à l'insistance de la diplomatie américaine, les chefs d'état-major syrien et israélien se rencontrent à Washington en juin sans résultats apparents, puis, à nouveau, à la fin de l'année. Au plan régional, une normalisation des relations diplomatiques syro-arabes se poursuit, tandis qu'à l'intérieur une ouverture économique limitée mais fructueuse est en cours.

L'« ordre syrien », garanti par la présence de 35 000 soldats, s'étend au Liban. À la tête d'un nouveau gouvernement (25 mai) respectant les quotas confessionnels (6 sunnites, 6 maronites, 6 chiites, 3 druzes, 9 rites chrétiens divers), Rafic Hariri se succède à lui-même. Le président Elias Hraoui se maintient à son poste, son mandat passant rétroactivement de six à neuf ans, en vertu d'un amendement constitutionnel imposé par Damas. Sous ce régime de protectorat de fait, la condamnation aux travaux forcés à perpétuité (juin) de l'ex-chef des Forces libanaises (milice chrétienne) Samir Geagea ne soulève aucune protestation. Au Liban sud cependant, la tension reste vive dans la zone occupée par les Israéliens (850 km2). Combattu par les membres du Hezbollah, islamistes chiites pro-iraniens tolérés par Damas, l'armée israélienne subit des pertes (une vingtaine de tués) malgré les représailles.

Égypte

L'Égypte coopère activement au plan de paix israélo-américain pour le Moyen-Orient. Hôtes quasi obligés des délicates négociations israélo-palestiniennes, les Égyptiens, inspirés par les États-Unis, dont ils reçoivent 2,1 milliards de dollars par an, relancent les pourparlers en réunissant au Caire un « sommet » avec Y. Arafat, H. Moubarak, Y. Rabin et le roi Hussein de Jordanie (février). La lutte menée par l'Égypte contre son opposition islamique lui vaut elle aussi la considération de l'Occident. Interdits de politique, les Frères musulmans et leurs émules, tentés par le terrorisme, sont efficacement combattus. C'est cependant de justesse que le président égyptien échappe à un attentat à Addis-Abeba (26 juin), où se tient un sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Rentré précipitamment au Caire, il réaffirme promptement les droits de l'Égypte sur le territoire de Halaib (17 000 km2, qu'elle conteste au Soudan). Dans un contexte autoritaire et affairiste, les élections d'une nouvelle Assemblée (29 novembre et 6 décembre) sont une simple formalité.

Chrono. : 26/06, 6/12.

Libye

L'argument du « péril islamiste » est utilisé en Libye où, à Benghazi, se produisent des troubles meurtriers (septembre). La mise en cause d'extrémistes égyptiens et soudanais est de nature à susciter la coopération du Caire. Soucieuse de voir lever un embargo de l'ONU en vigueur depuis 1992 – qui épargne, il est vrai, les exportations pétrolières (70 millions de tonnes par an) –, La Libye dispose d'arguments supplémentaires pour obtenir l'appui des « pays frères ». Près de deux millions de leurs ressortissants, principalement égyptiens (700 000), soudanais (300 000), marocains (120 000) et tunisiens (70 000), résident en effet en Libye et sont susceptibles à tout moment d'être expulsés. Pour donner du crédit à ce chantage, le colonel Muammar al-Kadhafi s'en prend dès la fin du mois d'août aux 30 000 réfugiés palestiniens de Libye. Au lendemain de l'accord israélo-palestinien de Taba, leur éviction vise en outre à illustrer l'incapacité de l'Autorité palestinienne à assister ses compatriotes et à souligner les limites de la solidarité interarabe.

Koweït, Bahreïn, Qatar et Émirats arabes unis

Bien protégé d'éventuelles nuisances irakiennes par un accord de défense qui lui vaut cette année encore d'héberger des manœuvres militaires américaines, le Koweït renoue avec la prospérité. Face à l'opposition des députés, très virulente pour la région, mais plus spectaculaire qu'efficace, le gouvernement aux mains de la famille régnante al-Sabbah dispose, malgré l'endettement public, de ressources d'origine pétrolière et financière (10 et 5 milliards de dollars) propres à lui assurer l'attachement de la population.