En février, le chef du gouvernement décide d'expulser des étrangers accusés de trafic monétaire, des Libanais principalement, alors que l'opposition radicale lui reproche ses origines (son père était polonais, sa mère rwandaise). À la fin du mois d'août, il commence à expulser vers le Rwanda les réfugiés hutus qui peuplent les camps du Kivu depuis plus d'un an et sont en relations conflictuelles avec la population locale. Ces expulsions provoquent une vague d'indignation dans le monde, et des négociations sur ce sujet s'ouvrent avec le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR).

Le président Mobutu rencontre fin septembre au Portugal l'ancien président américain Jimmy Carter, qui milite pour la démocratisation en Afrique. Il s'engage devant lui à identifier et remettre aux tribunaux internationaux les responsables du génocide rwandais de 1994. Après un premier séjour durant l'été, le chef de l'État zaïrois se rend également en octobre en France, où il n'est plus indésirable depuis son appui à l'intervention au Rwanda.

Chrono. : 12/05, 29/06, 29/07.

Angola

L'application des accords de paix signés à Lusaka en Zambie à l'automne 1994 entre le gouvernement angolais du président Eduardo Dos Santos et le chef de l'UNITA, Jonas Savimbi, se révèle difficile. Peu après la décision de l'ONU, en février 1995, d'envoyer sept mille Casques bleus dans l'ancienne colonie portugaise, des combats opposent l'armée angolaise et les forces de l'UNITA dans le nord du pays. La tension s'apaise grâce à trois rencontres entre le président Dos Santos et Jonas Savimbi : en mai à Lusaka, en août au Gabon, puis en septembre à Bruxelles, à l'occasion d'une réunion de pays décidés à aider financièrement l'Angola. Mais Jonas Savimbi n'occupe pas pour autant le poste de vice-président qui lui a été proposé, et la paix relative qui règne en Angola reste précaire. Les deux armées campent sur leurs positions (l'UNITA occupe de vastes régions, surtout dans le Sud-Est et le long de la frontière nord avec le Zaïre). Fin septembre, le gouvernement annonce la conclusion d'un accord de cessez-le-feu avec les rebelles du Front de libération de l'enclave de Cabinda, qui assure 60 % de la production pétrolière du pays. En octobre, les effectifs de la force de l'ONU déployés en Angola atteignent 5 000 hommes.

Chrono. : 8/02, 5/03.

Zambie

La popularité du président Frederick Chiluba, éclaboussé par un scandale concernant l'acquisition de terrains appartenant à l'université de Lusaka, continue à s'effriter, et avec elle celle de son parti, le Movement for Multiparty Democracy (MMD). En juin, l'ancien président Kenneth Kaunda, battu par F. Chiluba à l'élection présidentielle de 1991, revient en force sur la scène politique en se faisant élire à une large majorité à la tête de son parti, l'United National Independance Party (UNIP). On lui prête l'intention de se présenter à l'élection présidentielle prévue en 1996. En septembre, le gouvernement le place en résidence surveillée, ainsi que sept responsables de l'UNIP, qui remporte cependant plusieurs sièges lors d'élections législatives partielles.

Malawi

Le Malawi est secoué par divers scandales qui affectent son président Bakili Muluzi, tandis que le procès de son prédécesseur, Kamuzu Banda, traîne en longueur. K. Banda est accusé, ainsi que son ex-bras droit John Tembo, d'avoir ordonné en 1983 le meurtre, maquillé en accident de la route, de trois ministres et d'un parlementaire. L'ancien président, aujourd'hui presque centenaire, plaide non coupable, et ses avocats accusent le président Muluzi d'avoir payé un des témoins à charge. Par ailleurs, le chef de l'État est accusé par un journal local d'avoir distribué aux députés des deux partis de la coalition gouvernementale (United Democratic Front [UDF] et Alliance for Democracy [AFORD]) des allocations destinées à un fonds de secours aux plus démunis.

Zimbabwe

Le parti gouvernemental, le Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (ZANU-PF) du président Robert Mugabe, remporte haut la main les élections législatives en avril, ne laissant que deux sièges à un petit parti d'opposition, la ZANU-Ndonga (un clan shona), dont le chef est le révérend Ndabaningi Sitholé, un vétéran de la lutte de libération. En l'absence de candidats d'autres partis, 55 députés de la ZANU-PF sont élus d'office et 30 sont désignés par le chef de l'État. Deux autres petits partis d'opposition boycottent le scrutin.