Chrono. : 12/01, 24/04.

Tchad

Djimasta Koibla est nommé en avril pour former un nouveau gouvernement, qui passe de 16 à 21 membres. Le ministre de l'Intérieur, responsable d'un recensement préélectoral contesté par l'opposition, n'est pas maintenu dans le cabinet. Le nouveau Premier ministre avait joué un rôle important dans la Conférence nationale souveraine (CNS), qui, en 1993, avait présidé à la démocratisation du pays. Son gouvernement comprend dans une proportion égale des représentants de l'opposition et des partisans du président Idriss Déby. Amnesty International dénonce encore les exactions de l'armée tchadienne et les arrestations arbitraires d'opposants. Le retard pris dans le programme de démocratisation (la période de transition a été prolongée jusqu'en avril 1996), la persistance d'une rébellion armée (principalement autour du lac Tchad) et les relations délicates avec le FMI ne facilitent pas le dialogue avec la France, qui maintient pourtant ses troupes dans le pays et apporte toujours un soutien important au régime. Les relations avec la Libye s'aplanissent depuis le règlement international du problème de la bande d'Aozou en 1994 ; le président I. Déby se rend en visite officielle à Tripoli en septembre 1995.

Soudan

Le régime du président Umar al-Bachir traverse une passe difficile. Le cessez-le-feu négocié en mars (avec la médiation de l'ex-président américain Jimmy Carter) entre le pouvoir et la guérilla sudiste n'est pas observé, tandis qu'en avril les deux principales factions sudistes (l'Armée populaire de libération du Soudan de John Garang, et son aile dissidente, le Mouvement pour l'indépendance du Sud-Soudan de Riek Machar) se réconcilient. En juin, le président égyptien Hosni Moubarak accuse le leader intégriste soudanais Hassan al-Tourabi (l'éminence grise du régime) d'avoir inspiré la tentative d'assassinat dont il a été l'objet à Addis Abeba lors du sommet de l'Organisation de l'unité africaine. L'armée égyptienne occupe alors le triangle d'Halaib revendiqué par les deux pays. Réunie fin juin à Asmara, en Érythrée, l'Alliance nationale démocratique (regroupant les partis d'opposition et la guérilla sudiste) lance un appel au renversement du régime. En septembre, les étudiants et les syndicats protestent contre la chute vertigineuse de la livre soudanaise et la libéralisation des prix.

Éthiopie

La nouvelle Constitution, adoptée fin 1994, accorde aux neuf nouveaux États, découpés sur une base ethnique, le droit à l'autodétermination, mais assorti de conditions qui rendent aléatoire toute tentative de sécession. Les principaux partis de l'opposition boycottent les élections législatives de mai, remportées à une écrasante majorité par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) du président Meles Zenawi. Ce dernier perd son poste de président au profit de Negasso Guidada, mais il conserve la réalité du pouvoir en devenant Premier ministre du nouveau gouvernement.

Les mouvements rebelles islamiques du pays oromo et de l'Ogaden poursuivent la guérilla. Le procès des responsables de la « terreur rouge » du régime marxiste du colonel Hailé Mariam Mengistu se poursuit, mais le Zimbabwe, qui a accueilli l'ex-président, refuse de l'extrader. Le revenu éthiopien par habitant, 100 dollars par an, reste l'un des plus bas du monde.

Chrono. : 7/05, 22/08.

Érythrée et Djibouti

Le parti au pouvoir en Érythrée, le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) du président Issaias Afeworki change de nom pour devenir le Front populaire pour la démocratie et la justice. La tension persiste avec le Soudan, qui a soutenu un mouvement intégriste musulman en Érythrée. En avril, l'Érythrée et l'Éthiopie forment une zone de libre-échange.

À Djibouti, à la suite de l'accord conclu à la fin de décembre 1994 entre le régime du président Hassan Gouled Aptidon et le mouvement rebelle afar (FRUD, Front pour la restauration de l'unité et de la démocratie), deux dirigeants de la rébellion entrent en juin au gouvernement. En septembre, des mesures d'austérité déclenchent une grève dans la fonction publique.

Somalie

Les combats entre factions somaliennes se poursuivent après le départ début mars des derniers Casques bleus pakistanais. En juin, le général Mohamed Farah Aidid est évincé de la direction de l'Alliance nationale somalienne (SNA), par Osman Ato, son ancien bras droit. Quelques jours plus tard, Aidid se fait élire président de la République par intérim par une conférence nationale hâtivement convoquée. Le leader du Congrès de la Somalie unifiée (CSU), Ali Mahdi Mohamed, président par intérim élu en 1991 dans des conditions tout aussi controversées, ainsi qu'Osman Ato, contestent l'élection d'Aidid et réclament la convocation d'une conférence nationale de réconciliation. Ces manœuvres politiciennes n'interrompent pas les affrontements entre les hommes d'Ali Mahdi et d'Aidid. Ces derniers s'emparent en septembre de la ville de Baidoa.