Chrono. : 12/01, 1/05, 7/08, 3/10, 29/10, 12/11, 21/11.

Slovénie

La Slovénie est la seule république à avoir quitté la Fédération yougoslave sans encombre. Elle n'a pas de problème de minorité et son économie est prospère : sa position géographique lui permet de profiter des marchés autrichien et italien, tout en se livrant à des trafics avec la Croatie et la Bosnie ; la corruption entraînée par cette économie illégale coûte d'ailleurs leurs places à plusieurs ministres. Ceux de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice ont été remplacés en 1994. En janvier 1995, un nouveau ministre des Affaires étrangères est nommé : le libéral-démocrate Zoran Thaler.

Candidate à un contrat d'association avec l'Union européenne, la Slovénie s'était jusque-là heurtée au veto italien, Rome exigeant la restitution des biens italiens confisqués en 1945. Finalement, l'Italie lève son veto en mars et Bruxelles donne son feu vert à l'association. Forte de ce rapprochement, Ljubljana annonce en septembre la convertibilité de sa monnaie, le tolar.

Macédoine

Entourée de voisins hostiles, la Macédoine traverse plusieurs crises. La première, politique, avait faussé le jeu de la jeune démocratie : aux élections législatives d'octobre 1994, l'opposition avait boycotté le second tour du scrutin pour protester contre des fraudes électorales, ce qui avait permis à la coalition au pouvoir de contrôler 107 sièges sur 120 au Parlement, mais avait jeté le doute sur le bon fonctionnement des institutions.

Le problème de la population albanaise continue de déstabiliser le pays. Le pouvoir avait pris soin de faire en sorte que les 22,9 % d'Albanais soient représentés par 4 ministres, 11 députés et de nombreux hauts fonctionnaires. Mais une fraction de la population albanaise, soutenue par Tirana et les Albanais du Kosovo, rêve d'autonomie et de rattachement à l'Albanie. En février, une université libre albanaise voit le jour à Tetovo, ce qui provoque l'arrestation immédiate de ses deux dirigeants, Fadil Sulejmani et Miljaim Fejzu. La population albanaise réplique aussitôt par de violentes émeutes, qui reprennent en avril, au moment de la condamnation des deux opposants à deux ans et demi de prison. Pour calmer le jeu, le président Kiro Gligorov libère F. Sulejmani en mai.

Le 3 octobre, après avoir rencontré son homologue serbe à Belgrade, le président Gligorov est grièvement blessé par l'explosion d'une voiture piégée. Conformément à la Constitution, le président du Parlement, Stojan Andov, assure l'intérim. Fin octobre, le ministre de l'Intérieur, Ljubomir Frekovski, menace de démissionner, en accusant la mafia macédonienne et certains services secrets étrangers d'avoir organisé l'attentat, dans le but d'empêcher le rapprochement de la Macédoine avec la Serbie et la Grèce. Cette réconciliation risque en effet de mettre fin à des activités de contrebande qui ont permis à des fortunes colossales de se bâtir. Mais S. Andov maintient la ligne politique présidentielle : conformément à l'accord signé avec la Grèce en septembre, la Macédoine renonce à faire figurer sur son drapeau le « soleil de Vergina », symbole de l'ancienne dynastie macédonienne, et la Grèce lève le blocus qu'elle faisait peser sur le pays depuis février 1994. La Macédoine, sortant ainsi de son isolement, entre en octobre à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et au Conseil de l'Europe en novembre.

Chrono. : 13/09, 3/10.

Grèce

Depuis le retour des socialistes du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) au pouvoir, en octobre 1993, la politique étrangère de la Grèce s'est durcie. Cette année, les pressions internationales la contraignent à plus de modération. Alors qu'en février elle oppose son veto à la signature d'un accord d'union douanière entre la Turquie et l'Union européenne, des menaces de sanctions économiques la font finalement revenir sur sa position. Elle renoue également avec l'Albanie : les échanges entre les deux pays reprennent, et la Grèce démantèle le réseau de terroristes ultranationalistes grecs qui s'était attaqué à une caserne albanaise en avril 1994. La diplomatie grecque finit par lever l'embargo contre la Macédoine. Contraint par Bruxelles à la réduction du déficit public, le gouvernement prend des mesures contre la fraude fiscale. Habitués à ne pas payer (ou peu) d'impôts, les agriculteurs et les petits commerçants manifestent violemment contre ces mesures en mars.