Après les déclarations dubitatives de son ministre des Finances, Theodor Waigel (CSU), sur la capacité de l'Italie et de la Belgique de remplir d'ici 1999 les critères requis pour la mise en place de l'Union monétaire européenne, le chancelier Kohl cherche à rassurer ses partenaires européens sans toujours les convaincre. Il proclame lui-même en mai, non sans une certaine crudité, que « l'Allemagne unifiée étant incontestablement le numéro 1 en Europe, elle ne doit pas trop l'afficher publiquement ». Confronté aux « incertitudes françaises » depuis l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République (le chancelier ne soutient que mollement la reprise des tests nucléaires français dans le Pacifique), le chancelier cherche à reprendre l'initiative en Europe. La tâche est ardue, les Allemands continuant de redouter, pour les deux tiers d'entre eux, la disparition du mark, symbole de leur force retrouvée après la guerre. Les chefs d'entreprise sont peu préoccupés des incidences de l'Union monétaire européenne sur la marche de leur entreprise. Ils continuent, selon les sondages, à la vouloir sans croire cependant que le calendrier prévu sera tenu. Au moins, l'Allemagne a la satisfaction d'être, avec le Luxembourg, le seul pays de l'Union européenne qui satisfasse en 1995 aux quatre critères établis à Maastricht : inflation de 1,9 %, taux d'intérêt de 7 %, les déficits publics (hors endettement de la Treuhand, se montant tout de même à 264 milliards de marks !) à 59 % du PIB (la limite est à 60 %) et le déficit budgétaire à 2,1 % du PIB (la limite est à 3 %).

Chrono. : 7/03, 14/05, 13/06, 10/08, 16/11.

Jérôme Vaillant