Sports 95 : l'année ovale

1995 : une année ovale
Le rugby mondial s'est offert une année à émotions. La 3^e Coupe du monde a sacré son pays hôte. Pour leur grand retour en compétition officielle, les Springboks, chaleureusement soutenus (signe des temps !) par Nelson Mandela, ont donné à la nouvelle Afrique du Sud une victoire pleine de symboles. Cette compétition a confirmé la suprématie des pays de l'hémisphère Sud et accéléré l'abandon d'un amateurisme hypocrite.

L'athlétisme a procédé au renouvellement de ses élites. C'est le fait marquant des 5^es Championnats du monde disputés à Göteborg. Michael Johnson, auteur d'un superbe doublé 200 m - 400 m, et Jonathan Edwards, premier homme à franchir la barrière des 18 mètres au triple saut, sont les nouvelles étoiles de la piste. Le perchiste ukrainien Sergueï Bubka est l'un des rares trentenaires rescapés.

1995 : année des retrouvailles pour Michael Jordan avec les parquets, pour Monica Seles avec les courts et pour Mike Tyson avec les rings. Le meilleur basketteur de l'histoire a prouvé en quelques mois que sa reconversion manquée dans le base-ball ne lui avait rien ôté de son fabuleux talent.
Finaliste de l'US Open dès son retour à la haute compétition, Monica Seles semble avoir effacé les séquelles psychologiques de l'agression dont elle a été victime en avril 1993.
Quant à Mike Tyson, sorti de prison le 25 mars, on attendra quelques mois et quelques combats pour juger de son aptitude à redevenir le boxeur de référence qu'il fut avant 1992.

Le sport français s'est offert en cette année 1995 quelques frissons de plaisir. Les handballeurs ont conquis le titre mondial, le premier remporté par la France dans un sport collectif. Devant le public japonais, le colosse David Douillet est devenu le troisième judoka de l'histoire à enlever deux titres mondiaux chez les lourds et en toutes catégories. Sur les routes, le cycliste Laurent Jalabert a pédalé de succès en succès. Mais, comme les autres, il a dû baisser pavillon dans le Tour de France devant la toute-puissance de Miguel Indurain, vainqueur d'une cinquième grande boucle d'affilée. On n'oubliera pas non plus les performances exceptionnelles du moteur Renault. Associé aux écuries Benetton et Williams, il a remporté seize Grands Prix sur dix-sept.

Alors que les footballeurs français ont empoché de justesse leur billet pour l'Euro 96, le coup d'envoi de la Coupe du monde 98 a été donné. Le tirage au sort des éliminatoires s'est déroulé dans le cadre prestigieux du Carrousel du Louvre. Et le grand stade de Saint-Denis a été baptisé stade de France. Pourquoi faire original quand on peut faire consensuel ?

Vincent Pellegrini et Gilles Raillard
Journalistes à Radio-France Internationale