Astronomie et espace

Planètes extrasolaires : nouvelles découvertes

De nombreuses équipes d'astronomes dans le monde s'efforcent d'établir la présence de planètes autour d'autres étoiles que le Soleil. Malheureusement, l'imagerie directe de ces planètes extrasolaires, si elles existent, reste hors de portée des télescopes actuels. Les techniques utilisées n'autorisent qu'une détection indirecte. Elles se fondent sur l'observation de faibles perturbations périodiques du mouvement de certaines étoiles, imputables à l'attraction gravitationnelle de corps invisibles en orbite autour de ces étoiles. C'est ainsi que, depuis 1992, on présume l'existence de trois planètes autour du pulsar PSR 1257 + 12, situé à 1 600 années-lumière, dans la constellation de la Vierge. De même, le pulsar PSR 1620-26, à 9 500 années-lumière, dans le Scorpion, en posséderait deux. Lors d'un congrès à Florence (Italie), en octobre, deux astronomes de l'observatoire de Genève, Michel Mayor et Didier Queloz, annoncent une nouvelle découverte : à quelque 40 années-lumière, une grosse planète, d'une masse comparable à celle de Jupiter, tournerait en 4,2 jours autour de l'étoile 51 de Pégase (51 Peg). Les deux chercheurs sont parvenus à cette conclusion en analysant la lumière de 51 Peg à l'aide d'un spectrographe associé au télescope de 1,93 m de diamètre de l'observatoire de Haute-Provence et en constatant un léger déplacement périodique des raies du spectre de l'étoile, qui trahit une petite variation régulière de la vitesse de l'étoile. Confirmée par des astronomes américains de l'observatoire Lick (Californie), cette découverte se distingue des précédentes par le fait qu'elle concerne une étoile beaucoup plus proche, et de caractéristiques bien plus voisines de celles du Soleil. Cependant, la planète de 51 Peg ne tourne qu'à 7 millions de kilomètres environ de son étoile, c'est-à-dire plus de 20 fois plus près que la Terre du Soleil : avec une température de surface estimée à quelque 1 800 °C, ce doit être une véritable fournaise, encore plus inhospitalière que Mercure dans le système solaire et l'on s'interroge sur sa structure.

Hale-Bopp : la comète du siècle ?

Lors de sa découverte, le 23 juillet, dans le Sagittaire, par les deux astronomes amateurs américains dont elle porte le nom, la comète Hale-Bopp n'était qu'un pâle objet cent fois moins brillant que la plus faible étoile perceptible à l'œil nu. Mais le calcul de son orbite a permis d'établir qu'elle se trouvait alors à plus d'un milliard de kilomètres du Soleil et qu'elle était donc 250 fois plus lumineuse que la comète de Halley observée à la même distance. Il pourrait s'agir d'une comète géante et il n'est pas exclu qu'elle revête un aspect très spectaculaire lorsqu'elle passera au plus près du Soleil (et de la Terre) au printemps 1997.

Hubble photographie des œufs stellaires

Depuis la correction de sa « myopie » en décembre 1993, le télescope spatial Hubble comble les astronomes au-delà de toute espérance par la qualité des images qu'il fournit. Il se révèle notamment un auxiliaire extrêmement précieux pour l'étude du processus de formation des étoiles. Si l'on sait depuis longtemps que les étoiles naissent de l'effondrement sous leur propre poids de masses denses de gaz et de poussières, le détail des phénomènes qui précèdent leur allumage reste encore assez mystérieux. En photographiant des « maternités stellaires », telles que la nébuleuse M 42 d'Orion, située à 1 600 années-lumière, et la nébuleuse de l'Aigle M 16, à 7 000 années-lumière, Hubble a permis d'y détecter, outre de très jeunes étoiles, de petits globules sombres allongés dont on a désormais la preuve qu'ils constituent des embryons d'étoiles. Observés pour la première fois il y a une trentaine d'années par deux astronomes français. Pierre Laques et Jean-Louis Vidal, ces globules de gaz et de poussières ont été judicieusement baptisés eggs, mot anglais qui signifie œufs tout en étant l'acronyme de globules gazeux en évaporation. On les désigne aussi sous l'appellation poétique de larmes cosmiques. Bien que ces structures apparaissent dans des nébuleuses dont le gaz (principalement de l'hydrogène) est chauffé (à 10 000 K environ) et ionisé par le rayonnement ultraviolet d'étoiles proches, leur température ne dépasse pas − 250 °C. En effet, beaucoup plus denses que le milieu qui les environne, elles n'ont pas encore été affectées par le processus de chauffage qui s'y déroule. Ce phénomène les soumet, en revanche, à une pression colossale provenant des gaz surchauffés voisins, ce qui tend à accroître encore leur densité.

Rendez-vous américano-russes dans l'espace

Dans le domaine spatial, trois missions ont, en 1995, échappé à l'indifférence dans laquelle se déroulent désormais les vols habités : celles qui inauguraient de manière spectaculaire la coopération entre les États-Unis et la Russie en prélude à la construction et à l'exploitation de la future station spatiale internationale. Le 6 février a eu lieu le premier rendez-vous entre un orbiteur (Discovery) de la navette américaine et la station spatiale russe Mir. Piloté pour la première fois par une femme, Eileen Collins, l'orbiteur américain s'est immobilisé pendant dix minutes à 12 m de la station russe. Puis il s'en est écarté et l'a survolée à une distance de 120 m pour en faire une inspection photographique détaillée, avant de s'en éloigner définitivement. Le deuxième vol américano-russe, plus spectaculaire encore, a été marqué par la première jonction d'un orbiteur de la navette (Atlantis) avec la station Mir : les deux engins sont restés amarrés pendant 118 h, du 29 juin au 4 juillet, en formant, à 395 km d'altitude, le plus vaste complexe orbital jamais réalisé par l'homme, d'une masse de plus de 200 t et d'un volume habitable de 400 m3, occupé par six astronautes américains et quatre cosmonautes russes. Ce vol historique coïncidait avec le 100e vol habité américain. Il a été l'occasion d'une relève d'équipage de Mir, Atlantis ayant amené à la station deux cosmonautes russes et permis d'en ramener deux autres au sol, en compagnie d'un astronaute américain, N. Thagard, qui avait rejoint la station trois mois et demi auparavant à bord d'un vaisseau russe. En novembre, enfin, lors d'un troisième vol américano-russe, Atlantis s'est à nouveau amarré à la station Mir, pendant trois jours, pour y accrocher un module de jonction auquel viendront désormais se fixer les vaisseaux américains.

Cosmonautes à l'amende

Deux cosmonautes russes, qui avaient refusé d'effectuer une sixième sortie hors de la station orbitale Mir au motif qu'elle ne figurait pas dans leur contrat, ont été condamnés à payer une amende de 4 500 dollars chacun. Vladimir Dejourov, commandant de bord, et Guennadi Strekalov séjournaient depuis trois mois à bord de Mir en compagnie de l'Américain Norman Thagard pour préparer l'amarrage de la navette américaine Atlantis à la station. Lorsque le Centre de contrôle des vols de Kaliningrad leur annonça qu'ils devaient effectuer une nouvelle sortie dans l'espace le 15 juin, Strekalov la jugea inutile et refusa, en tant que vétéran comptant à son actif plus de vols spatiaux que son commandant. Il a été puni pour ne pas avoir exécuté les ordres du Centre de contrôle, et Dejourov pour ne pas avoir accompli ses devoirs de commandant de bord.

Le plus long vol spatial humain

De retour sur la Terre le 22 mars après un séjour de 437 j 18 h dans l'espace, le médecin et cosmonaute russe Valeri Poliakov a pulvérisé le record de durée d'un vol spatial, détenu, avant lui, par ses compatriotes Iouri Romanenko (326 j. en 1987), puis Vladimir Titov et Moussa Manarov (près de 366 j. en 1988). Ayant effectué deux séjours de longue durée à bord de la station orbitale Mir, l'un de huit mois en 1988-1989, l'autre de plus de quatorze en 1994-1995, il est aussi le nouveau détenteur du record de temps de présence dans l'espace en durée cumulée (678 j. 16 h). Parmi les quelque 400 expériences différentes qu'il a effectuées lors de son plus long vol, l'une a montré que son acuité visuelle s'était améliorée dans l'espace, passant de 15/10 au départ à 16 ou 17/10 au retour !

Une année faste pour l'Europe spatiale

La station Mir s'ouvre aussi à l'Europe. Dans le cadre du programme de coopération spatiale Euro Mir, des astronautes de l'Agence spatiale européenne peuvent y effectuer des séjours de longue durée.