Pour contourner cette difficulté et obtenir un coût de production plus avantageux, Sony a, en collaboration avec la firme américaine Tektronix, remplacé les transistors par un réseau de canules contenant du plasma (un gaz rare ionisé par une décharge électrique). Le plasma fait ainsi office de transistor en activant l'écran. Celui-ci ne dégage pas de lumière propre, et il faut donc le munir d'une source de lumière à l'arrière.

Fujitsu, NEC et Matsushita ont préféré miser sur la technologie des écrans à plasma. Dans ceux-ci, le plasma vient illuminer des microcavités qui retransmettent directement les couleurs, sans nécessiter de filtres ni de source de lumière supplémentaire. L'écran se compose d'une mosaïque de minuscules tubes fluorescents de 0,2 mm de long et de 0,4 mm2 de surface. Un écran de un mètre de diagonale comprend plus d'un million de points lumineux. Les écrans développés par Matsushita sont le résultat d'une collaboration avec la chaîne de télévision NHK, qui a apporté la technologie de base, le groupe chimique américain Du Pont de Nemours, qui a fourni des films spéciaux, et le fabricant américain de semiconducteurs Texas Instruments, qui a fabriqué les circuits électroniques.

Il existe enfin une technologie alternative, encore expérimentale, celle des écrans plats à micropointes, un type particulier d'écrans dits « à émission de champ » (ou FED, Field Emission Display). Explorée primitivement par les Américains, puis abandonnée, elle a été reprise par le Laboratoire d'électronique, de technologie et d'instrumentation (LETI) du Commissariat à l'énergie atomique. Dans cette technique, des électrons viennent bombarder un écran recouvert de luminophores. Mais ces électrons ne sont pas extraits d'un filament incandescent, puis focalisés avant de balayer l'écran, comme c'est le cas dans les tubes cathodiques traditionnels. Ils sont émis par une multitude de micropointes disposées en matrice sur toute la surface de la cathode et excitent chaque pixel de l'écran. Leur émission ne nécessite qu'une tension électrique relativement faible. Peu gourmands en énergie, donc, ces écrans offrent une très bonne qualité d'image et n'ont qu'une très faible épaisseur. La société Pixel International, fondée en 1992, et rebaptisée PixTech, a obtenu l'exploitation exclusive des brevets déposés par le LETI concernant cette technologie. En février 1995, son usine de Montpellier (implantée sur le site d'IBM en cours de reconversion) a achevé le premier écran plat à micropointes zéro défaut. Plusieurs sociétés étrangères ont déjà manifesté leur intérêt pour les écrans de ce type en signant avec PixTech des accords de licence : les firmes américaines Texas Instruments, Raytheon et Motorola, la société japonaise Futaba, etc.

Des circuits électroniques ultra-intégrés

Les progrès de l'électronique sont liés à ceux de l'intégration des circuits : au fur et à mesure que s'accroît le nombre de composants rassemblés sur un circuit, on réalise des produits plus compacts et plus puissants. Aujourd'hui, la fabrication des circuits intégrés fait appel à la lithographie optique (ou photolithographie), qui utilise du rayonnement ultraviolet (UV). Sur du silicium recouvert d'une résine photosensible, on projette l'image d'un masque qui comporte des parties opaques et des parties transparentes au rayonnement. Lors du développement de la résine, les parties insolées sont dissoutes et le silicium mis à nu peut être localement traité. La réalisation d'un circuit complexe peut exiger une vingtaine de masques différents. Actuellement, cette technique permet de réaliser des motifs de 0,35 micromètre (μm) de large sur une puce de silicium. L'objectif, pour le début du siècle prochain, est de ramener cette largeur à 0,18 μm, ce qui permettra de fabriquer des circuits rassemblant un milliard de transistors (soit 1 gigabit en terme d'intégration). Texas Instruments et IMEC, une société belge implantée à Louvain, ont constitué, en 1995, un partenariat de recherche en vue de mettre au point la technologie appropriée. La lithographie optique atteindra alors ses limites physiques, imposées par la diffraction. Une alternative potentielle, pour repousser ces limites, est d'utiliser un rayonnement de longueur d'onde beaucoup plus courte, diminuant d'autant les effets de la diffraction. Les recherches portent sur la lithographie par rayons X, qui emploie des rayons X mous, d'une longueur d'onde de l'ordre du nanomètre (nm). Le point délicat de cette technique réside dans la réalisation de masques X de très bonne qualité. Les premiers résultats ouvrent des perspectives prometteuses pour la réalisation, au siècle prochain, d'une nouvelle génération de circuits électroniques, atteignant un niveau d'intégration de plusieurs centaines de gigabits.

La reconnaissance de la parole

Depuis l'essor de l'informatique, des établissements de recherche, comme, en France, le Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l'ingénieur (LIMSI) du CNRS, travaillent activement à la mise au point de systèmes de reconnaissance de la parole. Aujourd'hui, les premières applications traitant plusieurs dizaines de milliers de mots, prononcés de façon continue par une personne quelconque, sont en passe d'être commercialisées. Délaissant une modélisation théorique des caractéristiques phonétiques et linguistiques des mots (approche analytique dite « par connaissances »), les recherches privilégient désormais l'approche dite « statistique » ou « par apprentissage », qui compare le signal acoustique reçu à un stock de signaux préalablement constitué. Cette approche permet de répondre efficacement à tous les types de langue, mais, pour les applications destinées à un large public, elle est freinée par la diversité de vocabulaire et de prononciations à identifier. Les spécialistes estiment, par exemple, qu'une diction par 5 000 locuteurs est nécessaire pour obtenir une bonne couverture des différents mots et timbres qui seront prononcés dans le cas d'une application en téléphonie. La téléphonie constitue précisément le principal champ d'application actuel de la reconnaissance de la parole, avec le développement de serveurs vocaux.

Philippe de La Cotardière