La situation dans les anciens pays de l'Union soviétique, particulièrement en Russie, est autrement plus inquiétante. L'ampleur de la crise depuis le début des années 90 est supérieure à celle de la grande dépression des années 30 aux États-Unis. Cependant, après l'aggravation de la récession en 1993 et 1994 (recul du PIB de 12 et de 15 %), la Russie s'engage sur la voie de la stabilisation, le déclin du PIB se limitant à 4,5 % l'an passé. La privatisation des entreprises se poursuit, sans être accompagnée pour autant d'efforts de rationalisation de l'appareil de production. Le gouvernement russe, qui a dû faire face au manque de céréales (avec 65 millions de tonnes, la production de 1995 a été la plus basse depuis les 30 dernières années), au coût de la guerre de Tchétchénie (officiellement évalué à 450 millions de dollars), à la faiblesse des investissements, à la corruption croissante et surtout à l'inefficacité du système fiscal, ne parvient pas à redresser les finances publiques.

La note d'optimisme vient du ralentissement de l'inflation, ramenée d'un rythme mensuel de 17 % en janvier à 4,5 % en septembre. Prenant acte des réformes en cours, le FMI note à l'automne la présence de signes précurseurs d'une reprise de l'activité.

Un nouveau départ pour l'Afrique

Relégué depuis des années dans le peloton de queue de l'économie mondiale, le continent africain a relevé la tête l'année passée, profitant du redémarrage des pays industrialisés, du cours soutenu des matières premières, des ajustements liés à la dévaluation du franc CFA de janvier 1994 et du flux d'investissements vers l'Afrique du Sud. Au total, la croissance s'élève à 3 %, contre 2,6 % en 1994. Dans les pays de la zone franc, celle-ci atteint 5 %, alimentée par la progression des investissements et des exportations. En revanche, le Maroc souffre d'une grande sécheresse, qui affecte l'économie (recul du PIB de 5 % après une croissance à deux chiffres en 1994).

La meilleure santé des économies africaines, liée notamment à des réformes d'ajustement structurel significatives (abolition en mars 1995 du double système des changes en Afrique du Sud, assainissement des finance publiques...), devrait se confirmer en 1996 : les perspectives économiques mondiales du FMI tablent sur un regain d'activité de 5,2 %.

Une reprise incertaine

La fin de l'année n'aura pas permis de lever les nombreuses incertitudes pesant sur la poursuite de la reprise économique mondiale. Parmi celles-ci, les mouvements monétaires européens de l'automne sont susceptibles de remettre en cause le redressement du dollar vis-à-vis du yen souhaité par les pays industrialisés. Or une nouvelle flambée du yen pourrait compromettre la reprise attendue désormais courant 1996 au Japon. Deuxième interrogation, le climat de confiance en Europe. Le rebond de l'activité reste en effet conditionné à la reprise de la consommation et de l'investissement. Mais les ménages et les entreprises, échaudés par une reprise en demi-teinte, éprouvent quelques réticences à sortir d'un comportement attentiste.

David Barroux et Éric Chol