« Gamin, si tu veux gagner, tu dois travailler ton physique. » Le jeune Luc Leblanc gardera toujours à l'esprit les conseils de son idole Raymond Poulidor, qui suit ses premiers pas dans le cyclisme de haut niveau. Après avoir parcouru la France avec ses parents pour s'endurcir dans les courses amateur, il passe professionnel en 1987. Dès ses débuts, Leblanc traîne la réputation d'un coureur au caractère difficile qui passe plus de temps avec sa famille qu'avec ses coéquipiers. Dans le peloton, il se distingue par une attitude très différente. Il prêche la bonne parole en dénonçant les injustices du milieu et affiche sa foi sans complexe. Ses compagnons de route lui trouvent un surnom : « Saint Luc ».

Le maillot jaune porté pendant le Tour de France 91 le fait connaître du grand public. L'année suivante, son palmarès s'étoffe d'un titre de champion de France. Mais on l'accuse d'avoir couru contre son coéquipier Gérard Rué. Les critiques s'abattent sur lui et il entame une longue descente aux enfers, marquée par une absence dans le Tour 93, une brouille avec ses parents et une farouche envie de tout plaquer. C'est sa femme, Maria – une belle étudiante originaire de Madrid rencontrée un an plus tôt – qui le convainc de ne pas mettre un terme à sa carrière. Maria a eu raison : en 1994, son champion de mari termine meilleur grimpeur du Tour d'Espagne, finit la Grande Boucle en 4e position après avoir remporté une étape et obtient en août la consécration suprême en donnant à la France son premier titre mondial depuis Bernard Hinault.

Le jeu décisif de Martina

22 ans de carrière, 167 victoires en tournoi, 18 titres dans les épreuves du grand chelem, 20 millions de dollars de gain. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Martina Navratilova fut une joueuse d'exception. À l'heure de sa retraite sportive, le tennis perd l'une de ses plus grandes figures.

Martina voit le jour le 18 octobre 1956 à Prague. À 18 ans à peine, alors qu'elle parcourt le monde depuis déjà deux saisons, elle profite de l'US Open pour fuir définitivement la Tchécoslovaquie communiste et demander l'asile politique aux États-Unis.

Rapidement, Martina se bâtit un palmarès et se construit un solide compte en banque. Ses deux victoires à Wimbledon (1978 et 1979) la propulsent au sommet de la hiérarchie mondiale. Ses allures de garçon manqué, son coup droit de camionneur et son jeu atypique (un « service-volée » très masculin) attirent l'attention et forcent le respect de ses adversaires. L'apothéose arrive entre juillet 1983 et septembre 1984 : elle remporte tous les tournois du grand chelem. Durant l'année 84, elle gagne 74 matchs d'affilée, la plus longue série jamais réalisée. L'Amérique des années 80, qui aime célébrer le culte de la performance, est conquise.

Cependant, la lune de miel n'est pas consommée. Chez l'Oncle Sam, on ne voit pas d'un très bon œil le train de vie « genre nouveau riche » de Martina Navratilova. Elle dépense trois millions de dollars dans la construction d'une villa dans le désert du Colorado, roule dans de rutilants bolides et, de manière générale, ne craint pas le tape-à-l'œil. Pis, l'Amérique puritaine s'offusque de la voir s'afficher en charmante compagnie... féminine. Discrète dans un premier temps, Martina ne cache plus son homosexualité. En 1992, après sept ans de vie commune, sa compagne Judy Nelson lui intente un procès, pour une funeste histoire d'argent. Ce « divorce » lui coûte 5 millions de dollars. L'épisode bouleverse la championne. Pour oublier ses histoires de cœur, elle se consacre une fois de plus à son seul amour sincère et fidèle : le tennis. Néanmoins, à 36 ans, ses réflexes ne sont plus les mêmes. En 1994, Martina atteint une dernière fois la finale des Internationaux de Grande-Bretagne, mais le gazon londonien lui refuse un 10e sacre.

Dans ses nouvelles fonctions de présidente de la WTA (Association des joueuses de tennis professionnelles), Martina Navratilova appréciera au moins de ne plus être soumise à un régime alimentaire draconien. À 38 ans, elle peut désormais légitimement goûter à une vie nouvelle.

Mort d'un champion

Sur le circuit d'Imola, juste avant le départ du Grand Prix de Saint-Marin, Ayrton Senna avait le visage contrarié d'un homme habité par le doute.