Cette annonce de l'entrée du groupe Bouygues, numéro un mondial du bâtiment et des travaux publics, dans les télécommunications mobiles a stimulé la concurrence, et les deux opérateurs nationaux se sont lancés, en fin d'année, dans une guerre des prix sur les matériels et les offres d'abonnement. Au départ réservé à une élite, le radiotéléphone s'adresse désormais à un public beaucoup plus large : professions libérales, cadres commerciaux, services après-vente et de maintenance, etc.

Le réseau Bi-Bop s'étoffe

Contrairement au radiotéléphone, qui permet d'appeler et d'être appelé tout en se déplaçant, le terminal Bi-Bop est un simple émetteur équivalent à un publiphone portable. Peu coûteux, il s'adresse au piéton puisqu'il s'utilise à proximité (200 mètres) d'une des 7 000 bornes actuelles du réseau d'appel Pointel, exploité par France Telecom. Cette limitation technique évolue : une version « Bi-Bop réponse » permet déjà avec un code personnel de se localiser auprès du réseau et d'être rappelé ou de pouvoir écouter les messages d'un répondeur. Un autre modèle associera Alphapage, le système de messagerie de poche. Cent mille personnes utilisent Bi-Bop, qui sert aussi de téléphone sans fil en entreprise (Matra Communications a développé le Walkphone) ou à domicile avec une borne privée. 300 communes de l'Île-de-France et de l'agglomération lilloise sont équipées de bornes Pointel, et un second opérateur, Prologos, se lance à Bordeaux, à Nantes, à Rouen... Le terminal de poche Bi-Bop est également présent en Allemagne avec le réseau Birdie et surtout en Asie du Sud-Est (Singapour, Hongkong), où il connaît un grand succès.

IBM et Apple poursuivent leur « rapprochement »

Voici trois ans, les deux « frères ennemis » de la micro-informatique avaient décidé d'adopter le même microprocesseur pour leurs futurs micro-ordinateurs : le Power PC, conçu par IBM et produit par Motorola. Début novembre 1994, Apple, IBM et Motorola ont signé un important accord de coopération permettant d'utiliser sur leurs futurs ordinateurs les différents systèmes d'exploitation (MacOS, OS2, AIX, NT-Windows) qui sont, en quelque sorte, les « alphabets » des machines. Jusqu'à présent, les firmes proposaient des ordinateurs avec des processeurs différents (Intel pour IBM et Motorola pour Apple) et deux systèmes d'exploitation incompatibles. Le Power PC permet de travailler indifféremment à partir de toutes les applications disponibles sur le marché, quel que soit le système d'exploitation d'origine. Les firmes présenteront à partir de 1996 les premiers matériels (ordinateurs, stations de travail et serveurs) de ce nouveau standard qui fait appel à la technologie RISC (à jeu réduit d'instructions). IBM souhaite aussi neutraliser la pratique des copies (clones) de ses ordinateurs, grâce à laquelle Compaq est devenu le premier constructeur mondial en micro-informatique (il a lancé cette année une sévère et ruineuse « guerre des prix », avec des remises allant jusqu'à 27 %). Par ailleurs, le monde de la micro est gouverné par l'incontournable tandem Intel/Microsoft. Le premier, pour les microprocesseurs de plus en plus puissants avec le 486 et l'avènement du nouveau Pentium trois fois plus complexe ; le second, pour les systèmes d'exploitation de la famille DOS et Windows. Pour s'affranchir de cette domination, IBM et Apple souhaitent repartir à zéro et développer une nouvelle génération de matériels avec le Pentium, microprocesseur « vedette » d'Intel (qui a fait l'objet d'une grande campagne de publicité à la télévision), et un système d'exploitation commun. Des anomalies de fonctionnement découvertes sur le Pentium au cours de l'été ont conduit IBM à différer en fin d'année son emploi sur ses ordinateurs.

Claude Gelé
Journaliste scientifique