Cette diplomatie ombrageuse ne peut cependant faire oublier les difficultés économiques du pays qui doit impérativement diminuer le déficit des finances publiques (plus de 15 % du PIB) et une inflation supérieure à 10 %. Au pouvoir depuis octobre 1993, le parti socialiste PASOK pratique une politique de rigueur largement comparable à celle de son prédécesseur conservateur.

Tension

À la veille de l'entrée en vigueur, le 16 novembre, de la Convention internationale sur le droit de la mer, la Grèce et la Turquie organisent simultanément des manœuvres militaires. La nouvelle Convention donne théoriquement à la Grèce le droit d'étendre à 12 milles marins la limite de ses eaux territoriales en mer Égée, ce qui lui conférerait le contrôle de 71,5 % de cette mer, contre 41,5 % jusqu'alors. Durant l'été, la Turquie avait émis des protestations de plus en plus virulentes. Finalement, Athènes concède qu'elle ne fera pas état de ses droits maritimes dans l'immédiat et qu'elle agira, dans cette affaire, « en harmonie avec les membres de l'Union européenne ».

Albanie

Peuplé de 3,3 millions d'habitants, dont 65 % de musulmans, le pays fut occupé pendant cinq siècles par les Ottomans. Il accède à l'indépendance en 1912. Une monarchie est instituée en 1928. Les communistes prennent le pouvoir en 1944 et y restent, sans partage, jusqu'en avril 1991. À cette date, ils doivent partager les commandes avec le Parti démocratique de Sali Berisha. Celui-ci est élu à la présidence de l'État en mars 1992. L'année 1994 a été marquée par les tensions avec la Grèce. Celles-ci remontent à 1912, quand la Grèce, la Serbie et le Monténégro cherchaient à se partager le territoire albanais. Les tensions ont repris en juin 1993 à propos du statut de la minorité grecque d'Albanie. L'année est également marquée par l'échec du référendum constitutionnel du 6 novembre. Les électeurs ont moins rejeté le texte lui-même, jugé démocratique par les experts internationaux (malgré le contrôle de l'exécutif sur le judiciaire), que le style trop autoritaire du président Berisha (corruption de l'Administration, manque d'indépendance de la justice, intimidations envers la presse). Les ex-communistes, reconvertis en socialistes, restent présents dans l'opinion malgré leur diabolisation constante par le pouvoir. Reconnaissant sa défaite, M. Berisha envisage un nouveau référendum sur un nouveau texte constitutionnel.

Suisse

Le 12 juin, les électeurs suisses refusent par référendum la création d'un contingent de Casques bleus helvétiques, l'encouragement de la culture par l'État et une plus grande facilité accordée à la naturalisation des jeunes étrangers nés dans la Confédération. En 1986, les Suisses avaient déjà rejeté l'adhésion de leur pays à l'ONU et, en 1992, à la Communauté européenne. Le 25 septembre, les électeurs acceptent par 54,6 % de « oui » une loi référendaire antiraciste.

Le décompte des voix fait apparaître un net clivage entre les cantons urbains (Genève, Zurich, Berne, Vaud) et les cantons ruraux, notamment dans le centre alémanique et dans le Valais, résolument xénophobes.

Le 4 décembre, les électeurs sont à nouveau appelés aux urnes pour se prononcer sur une loi très restrictive concernant les étrangers en situation illégale. Ce texte autorise l'emprisonnement jusqu'à 6 mois des étrangers sans papiers, même s'ils n'ont commis aucun délit. Il est approuvé à plus de 73 % et on ne retrouve pas à cette occasion la coupure traditionnelle entre cantons ruraux et urbains, et entre cantons francophones et germanophones. Une telle majorité s'explique par l'échec de la politique de tolérance envers les drogués menés à Zurich. Dans cette ville, en effet, les dealers, étrangers en majorité, ont pris le contrôle de la rue, allant jusqu'à repousser la police, impuissante à canaliser une toxicomanie de plus en plus affichée et envahissante.

Chrono. : 21/01, 27/01, 6/02, 16/02, 10/04, 3/05, 4/05, 5/05, 12/05, 12/06, 21/07, 24/07, 18/08, 23/08, 31/08, 21/09, 25/09, 9/10, 23/10, 25/10, 6/11, 13/11, 17/11, 28/11, 15/12.

Paul Roberts