La proportion des RMIstes est cinq fois supérieure à celle de la métropole. Certes, la solidarité familiale joue fortement, les relations « claniques » y sont efficaces, le travail au noir y est très développé, mais la situation y est explosive. Dans ce contexte, le ministre des DOM-TOM, Dominique Perben, fait adopter son projet de loi sur l'emploi dans les DOM, visant à développer l'insertion sociale et professionnelle des RMIstes et des chômeurs de longue durée. Chacun des départements d'outre-mer sera doté d'un établissement public chargé de proposer aux volontaires des travaux d'utilité générale, rémunérés au SMIC. Sont prévues également des exonérations de charges sociales et des primes pour les entreprises engageant RMIstes et chômeurs de longue durée. Comment financer ces mesures ? Par une hausse de deux points du taux de TVA (plus faible qu'en métropole) et par une taxe sur les jeux de hasard (très appréciés dans les DOM).

L'île de la Réunion à la dérive sur le plan social

L'île de la Réunion détient des records peu enviables : le plus fort taux de chômage, avec 35,6 % de la population active sans emploi, et le plus fort pourcentage de RMIstes avec 45 000 bénéficiaires de l'allocation, ce qui fait vivre 120 000 personnes, soit le cinquième de la population de l'île. Le nombre de bénéficiaires a chuté de 11 % en trois ans, contrairement à ce qui se passe en métropole, mais le département garde le record de France avec 5 % de l'ensemble des allocataires. Dominique Perben, ministre des DOM-TOM, en janvier, Simone Veil, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, en juillet, sont venus rassurer les Réunionnais, le premier pour promettre un rattrapage du SMIC, inférieur de 600 francs au taux métropolitain, et pour annoncer une réforme du RMI ; la seconde pour confirmer l'alignement des prestations familiales sur celles de l'Hexagone.

Les Amérindiens de Guyane se rappellent au bon souvenir de la métropole

Le voyage en Guyane du Premier ministre Édouard Balladur (5 mai 1994) est l'occasion pour les premiers occupants de ce département d'outremer de formuler des revendications qui avaient tendance à être oubliées.

Des revendications culturelles : le droit commun administratif rend nulle l'expression démocratique des chefs coutumiers ; l'école de la République ne doit pas laminer les cultures ; les Amérindiens regrettent d'avoir été mis à l'écart du groupe de réflexion sur la création du parc de la forêt tropicale ; les communautés autochtones ne doivent pas être victimes de l'économie des transferts sociaux.

Claude Malassigné