Le Kosovo, peuplé à 90 % d'Albanais et intégré à la Serbie, subit la domination sans partage des Serbes. La presse en albanais est interdite, les émissions de radio sont limitées à quelques heures par semaine, et les programmes télévisés à 45 minutes par jour. Le régime militaro-policier serbe accroît cette année le nombre des arrestations et des perquisitions, ce qui augmente encore la tension sociopolitique. La population albanaise élit presque clandestinement son président, Ibrahim Rugova, écrivain et leader de la Ligue démocratique du Kosovo, dont la stratégie est essentiellement fondée sur la non-violence et la résistance passive contre les Serbes. Il doit cependant faire face au renforcement d'un courant favorable à une « action plus active ».

L'importance de la question du Kosovo, comme celles de la Voïvodine et de la Macédoine, est reconnue par le médiateur européen, lord Owen, qui propose de chercher une solution globale au problème post-yougoslave. Cette approche a été rejetée par la Serbie et la Croatie.

En Croatie, le président croate, Franjo Tudjman, ancien général communiste de 71 ans et leader du HDZ, la Communauté démocratique croate (devenue le Parti populaire démocrate-chrétien), doit aujourd'hui faire face à une puissante opposition de droite, parfois nationaliste et extrémiste (voire pro-hitlérienne avec le renouveau de la tradition des Oustachi).

En octobre, Franjo Tudjman tente de trouver une solution au conflit en tendant la main aux Serbes : « Nous offrons (aux Serbes et aux Croates) toutes les garanties prévues par les conventions internationales et nous espérons qu'ils le comprennent. » Les suites de cette proposition sont encore inconnues.

En Macédoine, outre la question de la minorité albanaise (qui constitue plus de 21 % de la population), le principal problème reste la reconnaissance internationale du pays, membre depuis le 8 avril de l'ONU sous la dénomination d'« Ancienne République yougoslave de Macédoine ». La Grèce proteste toujours contre l'emploi de ce terme qui appartient, selon elle, à son patrimoine historique. En novembre, huit pays ont reconnu la Macédoine ; la France y réfléchissait à l'issue de la visite du président Kiro Gligorov à Paris, le 25 octobre.

Situé au centre des conflits balkaniques, cet État a demandé à l'ONU l'envoi d'observateurs internationaux afin d'assurer le respect des décisions du Conseil de sécurité. Depuis le mois de janvier, mille soldats et une quarantaine d'observateurs se sont déployés le long de ses frontières.

La Slovénie (peuplée par 90 % de Slovènes), toujours dirigée par Milan Kucan (réélu le 6 décembre 1992), tente cette année de relancer et de moderniser son économie, ainsi que de mieux s'intégrer à l'Europe. En mai, elle est admise au Conseil de l'Europe et devient la candidate privilégiée à l'entrée dans la communauté européenne avec les pays du pacte de Vysehrad.

Joseph Krulich, Histoire de la Yougoslavie, de 1945 à nos jours, Éditions Complexes, Bruxelles.
Bernard Féron, Yougoslavie : origine d'un conflit, Le Monde Éditions-Marabout, Paris.

Georges Mond