Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Si l'on comprend les soucis des élus et des gens de terrain, on peut toutefois se demander si un tel projet de Grand Stade constitue vraiment une occasion unique d'affirmer une ambition architecturale et urbanistique. Il conviendrait peut-être de réfléchir d'abord à l'histoire récente de ces enceintes, qui n'ont pas toujours été, tant s'en faut, des lieux d'accueil neutres. Peut-on encore, en 1993, méconnaître les caractéristiques d'un lieu tel qu'un stade géant, structuré par un système centripète de concentration visuelle et appuyé par un puissant dispositif sonore, favorisant trop souvent la violence dans l'explosion collective ?

Le prix Pritzker 1993 (l'équivalent du Nobel de l'architecture) a été attribué au Japonais Fuhimiko Maki. Âgé de 64 ans, F. Maki est le deuxième Japonais à recevoir ce prix. Il est l'un des fondateurs, en 1960, de l'école « métaboliste », pour qui l'architecte doit avant tout capter l'esprit du lieu et de l'époque, sans se soucier de la mode. Réalisateur d'un grand complexe d'habitations près de Tokyo, il a construit ensuite le musée d'Art moderne de Kyoto et le nouveau gymnase olympique de Tokyo. Aucun architecte français n'a encore reçu ce prix.

Le grand prix d'architecture 1993 a été décerné à Christian de Portzamparc pour l'ensemble de son œuvre. Né en 1944, celui-ci a notamment construit la Cité de la musique au parc de la Villette. Antoine Grumbach reçoit, pour sa part, le grand prix d'urbanisme.

L'Équerre d'argent du Moniteur est décernée aux architectes Denis Valode et Jean Pistre pour l'usine-siège de l'Oréal d'Aulnay-La Barbière, en Seine-Saint-Denis. Le bâtiment est en forme de fleur ; la lumière ne vient plus du toit comme dans les usines classiques, mais des côtés ; les bâtiments sont entourés d'un beau jardin aux formes à la fois géométriques et ondulées.

Le grand prix national d'architecture à Dominique Perrault, âgé de 40 ans, maître d'œuvre de la Bibliothèque de France, auteur notamment de l'école d'ingénieurs de Marne-la-Vallée, de l'hôtel industriel Berlier et d'un grand ensemble sportif à Berlin.

Coop Himelblau (« Construire le ciel ») est un groupe d'architectes autrichiens fondé en 1968. Une exposition au Centre Georges-Pompidou a permis de mieux connaître ce courant utopiste, mais constructeur d'édifices originaux. « Plus les temps sont durs et plus l'architecture est dure », affirmaient les chefs de file de ce mouvement.

Gerrit Thomas Rietveld (1888-1964), architecte hollandais, a également bénéficié d'une exposition au Centre Georges-Pompidou. Furent présentées, dans leur aspect le plus hétéroclite, nombre de réalisations de cet architecte d'avant-garde, chef de file du mouvement De Stijl : une maison, des chariots pour enfants, des dessins de boucles d'oreilles, etc.

L'opération Seine-Rive gauche est arrêtée le 11 mars 1993. Le tribunal administratif de Paris a annulé les décisions municipales et préfectorales autorisant l'aménagement d'un nouveau quartier de 130 hectares (dont 30 de dalles couvrant les voies SNCF de la gare d'Austerlitz), situé en bordure de Seine dans le XIIIe arrondissement.

Giulio Carlo Agan, Projet et destin, Éditions de la Passion, 1993.
Sous la direction de Jean-Louis Cohen et Hubert Damisch, Américanisme et modernité, l'idéal américain dans l'architecture, EHESS/Flammarion, 1993.

Marc Perelman