Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Philippe Dagen

FIAC 93

Inaugurée le 8 octobre, la Foire internationale d'art contemporain (FIAC) fêtait sa vingtième édition. Créée en 1974 à l'ancienne gare de la Bastille, elle s'installait deux ans plus tard au Grand Palais. À l'origine, on retrouve trois passionnés, Danièle Talamoni, Henri Jobbé-Duval et Danièle Gervis, désireux de mettre sur pied en France une foire de création contemporaine, comme il en existait déjà en Allemagne ou en Suisse. Le succès sera rapide : en 1974, on compte 9 000 visiteurs pour 95 galeries présentes ; 7 ans plus tard, les chiffres passent à 73 000 et 137, pour culminer, 1992, à 150 000 et 162. Parmi les événements mémorables, on cite les affiches d'Andy Warhol signées par le maître lui-même, en 1976, l'année suivante, l'exhibition dans le plus simple appareil de l'artiste autrichien Hermann Nitsch, ou l'explosion des prix en 1989, avec 400 millions de chiffre d'affaires pour 5 000 pièces achetées. Depuis le début des années 90, l'ambiance s'est nettement calmée, alors que le chiffre d'affaires de la Foire retombait à 100 millions de francs, sans pour autant que le public ne cesse d'affluer.

Cette année, le nombre des galeries présentes passait à 168, dont 79 étrangères pour 16 pays représentés. Sur le parvis, les visiteurs étaient accueillis par cinq grandes sculptures de Caler, Miró, Plensa, Nikki de Saint-Phalle et par un pouce géant (12 mètres) de César. Globalement, la tendance était plutôt à la prudence, pour ne pas dire à la frilosité. De nombreuses galeries, notamment françaises, se contentaient d'un accrochage unique, en privilégiant des artistes déjà confirmés, comme Paul Armand Gette chez le galeriste toulousain Sollertis. Plus que de coutume, on pouvait admirer – mais est-ce là la fonction de la FICAC ? – des dessins et des peintures d'artistes contemporains déjà classiques, comme Miro à la galerie Lelong ou Rodchenko chez Gmuzinsa, sans parler des nombreux Bacon, Dubuffet ou Hockney. On notait également la présence très discrète de l'art conceptuel et de l'art minimaliste, des tendances nouvelles en général, au profit d'un sage retour au pictural. On remarquait cependant les Tournesols géants de Charles Belle, un jeune artiste français exposé par les Américains. VG

Le palmarès de la Biennale de Venise : peinture : Richard Hamilton (GB) et Antonio Tapiès (Espagne) ; sculpture : Bob Wilson (É-U) ; Prix 2000 (décerné à un artiste de moins de 35 ans) : Matthew Barney (É-U) ; mentions spéciales : Louise Bourgeois (É-U), Ilja Kabakov (CEI), Joseph Kosuth (Hong.), Jean-Pierre Reynaud (France) ; prix du Pays : pavillon allemand (Hans Haacke et Nam June Paik).