Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Musique classique : l'ouverture

Le nouveau ministre de la Culture, Jacques Toubon, a d'abord axé sa politique musicale sur l'enseignement et la diffusion (aide au spectacle vivant et à la musique enregistrée), marquant ainsi sa volonté de ne pas détruire les avancées gagnées par le gouvernement précédent (actions en faveur de la musique contemporaine, de la musique traditionnelle, de la facture instrumentale, etc.). Même si la polémique engagée en début d'année par Michel Schneider, l'ancien directeur de la Musique, sur l'excès de subventions accordées, selon lui, à Pierre Boulez semble oubliée, il reste que la nouvelle équipe de la rue de Valois semble désireuse de redéfinir l'équilibre entre les Régions, toujours aussi actives, et Paris.

En juillet, un nouveau directeur de la Musique et de la Danse est nommé : il s'agit de Stéphane Martin, auparavant directeur-adjoint de la Musique à Radio France, chargé de mettre en œuvre les priorités déjà définies et axées sur l'enseignement et la diffusion, mais aussi de conduire la mise en place des nouveaux statuts de l'Opéra de Paris. Hugues Gall, directeur général de l'Opéra de Genève, est appelé, en août, pour une double mission : donner son diagnostic sur la situation de Bastille et de Garnier, et repenser les relations de l'Opéra national avec les scènes lyriques et les festivals des régions. Il rend, le 29 octobre, un rapport à Jacques Toubon qui annonce, le 25 novembre, une série de réformes : Hugues Gall sera, en août 1995, le directeur unique des salles Bastille et Garnier ; la répartition arbitraire des spectacles (le ballet à Garnier, le lyrique à Bastille) sera abandonnée et dépendra désormais des besoins artistiques de chaque production ; le prix des places à Bastille sera révisé à la baisse, ainsi que le coût des productions. On passe ainsi de l'âge des tâtonnements à l'ère du pragmatisme, tout en affichant un budget annuel de un milliard de francs.

Terre des sons : Sous ce titre, trois soirées exceptionnelles avaient été organisées en 1992, à l'Élysée-Montmartre, dans le cadre d'événements consacrés aux musiques et danses traditionnelles dans le monde. La direction de la Musique et de la Danse, qui avait soutenu l'opération, a souhaité poursuivre ce type d'expérience. Elle a favorisé ainsi la structuration des associations à travers les centres régionaux, la création d'une Fédération des associations de musiques traditionnelles, puis créé elle-même un Centre d'information des musiques traditionnelles ; elle a également agréé une formation spécifique, sanctionnée par des diplômes d'État, avec la prise en compte dans le cursus des pratiques issues de l'immigration.

Musica Gallica : C'est le nom donné à la nouvelle collection musicale dont le lancement a été décidé par le ministère de la Culture et de la Francophonie (direction de la Musique et de la Danse), la Fondation Salabert, la chambre syndicale des éditeurs de musique de France et la communauté musicologique, afin de promouvoir le patrimoine musical français. Une quinzaine de volumes concernant les musiciens français de l'époque baroque et romantique sont en préparation.

Invitations au concert

Un nouvel auditorium à Paris, dans le quadrilatère du marché Saint-Germain, un nouvel auditorium (Henri Dutilleux) à Amiens, dans les locaux rénovés du conservatoire, un nouvel espace à Mulhouse (la Filature), conçu par Claude Vasconi (architecte du Corum de Montpellier), les lieux nouveaux se sont multipliés, sur des levées de rideau alléchantes.

La palme revient à Lyon et à son nouvel Opéra repensé par Jean Nouvel, qui a préservé les murs de façade de l'ancien bâtiment et doté l'intérieur d'un équipement moderne des plus efficaces. La Mairie de Paris, quant à elle, parachevait en janvier son opération « Paris vous invite au concert », sur le modèle de celles organisées en faveur du théâtre ou du cinéma, et le principe éprouvé d'une place offerte pour chaque place achetée. 48 000 personnes en ont profité.

Allez France

À condition de n'être pas systématique, le renouvellement du répertoire a au moins l'avantage de rétablir une vision moins spectaculaire de la musique, moins axée sur le vedettariat, en revenant sur l'essentiel, c'est-à-dire la partition. Principal bénéficiaire de ce mouvement, le répertoire français. Qui avait entendu parler, en effet, de la Poule noire de Manuel Rosenthal, d'Erzsebeth de Charles Chaynes, de Hamlet d'Ambroise Thomas, de Manna Vanna d'Henry Février, du Cid de Massenet ou de Rodrigue et Chimène de Debussy, partition retrouvée par le musicologue britannique Richard Langham Smith ?