Commerce mondial

C'est la situation des pays occidentaux avant et après la Seconde guerre mondiale qui a justifié la mise en place du dispositif du GATT en 1948. Durant les années 30, les pays touchés par la crise de 1929 se sont enfermés pour échapper aux conséquences de celle-ci dans le protectionnisme (hausse de près de 50 % des droits de douane américains et européens), sans autre résultat qu'une aggravation de la dépression et un effondrement du commerce mondial.

En 1945, en réaction au protectionnisme d'avant-guerre, le libre-échange international est préconisé comme facteur de paix et de progrès économique. Pour atteindre cet objectif, le GATT a cherché, en priorité, à abaisser les droits de douane dissuasifs d'après-guerre, tout en acceptant des dérogations permanentes (pour les pays en voie de développement) ou temporaires (dans le cas des pays développés), et à faire jouer presque systématiquement la clause de la nation la plus favorisée (tout avantage commercial accordé à un pays doit être consenti à tous les autres partenaires).

De 1947 à 1979, sept cycles (ou rounds) de négociations se sont succédé. Les cinq premiers se sont attachés à réduire de près de 80 % les droits de douane essentiellement sur les produits industriels provenant des pays développés. Le sixième round (dit « Kennedy Round », 1964-1967) puis le septième (dit « Tokyo Round », 1973-1979), tout en aboutissant à deux nouvelles baisses successives de 35 % des droits de douane, ont cherché également à démanteler les barrières non tarifaires.

Les principales zones commerciales

ALENA (États-Unis, Canada, Mexique, zone de libre-échange, entrée en vigueur le 1/01/94) ; CARICOM (Communauté caraïbe, union douanière depuis 1973) ; MERCOSUR (Argentine, Pérou, Paraguay, Uruguay, zone de libre-échange depuis 1991) ; Communauté européenne (depuis 1957, union douanière, puis marché commun en 1993, projet d'union économique et monétaire pour 1997) ; AELE (Finlande, Islande, Norvège, Autriche, Suède, Suisse, Liechtenstein, zone de libre-échange depuis 1960).

Résultats

Depuis 1948, les barrières douanières moyennes ont diminué de près de 90 % entre les pays industrialisés, et le mouvement a été de plus en plus relayé par les pays en voie de développement : finalement, le niveau moyen des tarifs douaniers a été baissé de 40 % à environ 5 %. Par ailleurs, grâce à l'adoption généralisée de la clause de la nation la plus favorisée, un système commercial multilatéral (c'est-à-dire d'échanges entre plusieurs nations) s'est développé. Ainsi, depuis la fin du conflit mondial, grâce à toutes ces mesures, il s'est ensuivi une période d'intense expansion des échanges internationaux de produits et aussi de services, accompagnée d'une grande prospérité économique. Le commerce mondial exprimé en dollars a multiplié son volume par 13 entre 1950 et 1991, stimulant la production mondiale qui a vu dans le même temps son activité multipliée par 6,4. Pour sa part, la France s'est hissée au quatrième rang d'exportateur mondial. En définitive, tout s'est passé comme si le développement des échanges commerciaux avait tiré la croissance.

Quand, en septembre 1986, les 108 pays (contre 23 en 1947) s'engagèrent dans la négociation globale connue sous le nom d'« Uruguay Round », il fut entendu, dès le départ, surtout du côté des États-Unis, que la libéralisation des échanges internationaux (c'est-à-dire l'élimination des barrières tarifaires et autres) devait à tout prix être poursuivie. Ce choix était appuyé comme dans les rounds précédents sur la théorie du libre-échange (ou des coûts comparatifs) élaborée au début du xixe siècle. Selon cette théorie, le libre-échange assure la meilleure répartition des forces productives de la planète ; chaque pays se spécialise dans les activités pour lesquelles il est le mieux doté (en facteurs de production) ou dispose d'avantages comparatifs les plus élevés. En se spécialisant, chaque pays améliore non seulement la productivité de ses industries, mais permet aussi, à l'échelle internationale, le développement des capacités de production de tous les pays participant à l'échange international. La division internationale optimale du travail profite à tous : le bien-être de tous s'en trouve d'autant accru. Par conséquent, la conclusion d'un accord commercial global ne manquerait pas de garantir la continuation de la croissance économique mondiale à travers l'expansion des échanges internationaux : la part de ces derniers dans le PIB mondial n'a pratiquement jamais cessé de progresser depuis 1945, pour dépasser 15 % en 1990. D'ailleurs, pour justifier la pertinence de cette orientation libre-échangiste, les États-Unis, comme l'OCDE et la CE, se sont livrés à des estimations qui montrent que des gains peuvent être encore attendus en matière de croissance mondiale, d'échanges internationaux et d'emplois.

GATT et droits de douane

L'objectif de l'Uruguay Round est de réduire globalement de 30 % les droits de douane. La France soupçonne les États-Unis de vouloir les baisser sur les produits où les Américains dominent et de les maintenir là où ils sont faibles.

Protectionnisme

Dès l'ouverture des pourparlers de l'Uruguay Round en septembre 1986, les négociateurs du GATT furent très vite forcés d'admettre que le système multilatéral d'échanges internationaux risquait d'éclater en raison de la montée du protectionnisme ; la défense des intérêts nationaux menacés par l'ouverture extérieure rentrait en contradiction avec le souci d'acquérir des positions favorables sur les marchés d'exportation. L'efficacité du démantèlement des barrières nationales, tarifaires ou non, était mise en doute comme instrument de résolution des conflits ou des affrontements commerciaux, d'autant qu'ils interviennent entre blocs régionaux (marché unique européen, accord de libre-échange américain ou ALENA, réseaux d'influence japonais et chinois en Asie, etc.) et dans une situation de cloisonnement des marchés intérieurs à l'abri des barrières protectionnistes.

Mickey Kantor, le négociateur américain au GATT, a fait valoir que la réussite de l'Uruguay Round dégagerait un gain de 5 250 milliards de dollars au minimum sur 20 ans. Ce chiffre équivaudrait à 0,8 % de croissance de la production mondiale pendant cette période, ce qui représenterait plusieurs millions d'emplois supplémentaires.

Mondialisation

En fait, cette montée du protectionnisme tient à une transformation majeure, appelée globalisation ou plus exactement mondialisation : l'économie mondiale est devenue une zone unique de production et d'échanges, où s'affrontent des grandes firmes multinationales organisant et gérant sur une base planétaire la conception, la production et la distribution de leurs produits et services. Comme chacune d'elles cherche à pénétrer les marchés extérieurs à celui de leur pays d'origine, elles sont amenées, pour renforcer leur compétitivité, non seulement à abaisser leurs coûts, mais surtout à se décentraliser, à se recentrer sur des activités de base, à éclater en multiples unités autonomes et à créer des réseaux de production, de vente et d'information ainsi que de coopération technique entre firmes au plan de la mise au point de produits (aéronautiques), de sous-traitance (textile), etc. Compte tenu de tous ces changements, les grandes multinationales se trouvent placées de façon permanente dans une situation complexe où bien souvent le conflit l'emporte sur la coopération, ce qui aboutit, en dernier ressort, à une exacerbation de la concurrence. C'est cette dernière qui est mal supportée dans bien des pays industrialisés, surtout quand ils sont affectés par la crise économique.