Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Toute politique de population ne peut être dans ces conditions qu'une politique de lutte contre le chômage. Or les cotisations de Sécurité sociale – maladie, famille, vieillesse – et d'allocation-chômage (ASSEDIC), prélevées sur les salaires dès le premier franc, sont devenues un obstacle à l'embauche et un frein à l'emploi. Le salut réside donc dans une vaste réforme fiscale, instituant une significative ristourne sur les cotisations, financée par un accroissement des taux supportés par la part du salaire supérieure au SMIC, l'augmentation de l'imposition frappant les tranches inférieures de revenus familiaux et l'extension du système du quotient familial aux impôts locaux. Une immigration organisée plus forte, mieux qu'une immigration clandestine résiduelle, pourrait, en attendant une telle réforme, politiquement difficile, apporter une contribution supplémentaire utile à la reprise de l'activité économique et du dynamisme démographique.

Le nombre de naissances en France, qui n'avait diminué que de 20 000 en cinq ans (de 779 000 en 1986 à 759 000 en 1991), a reculé plus nettement en 1992, jusqu'à 742 000. L'indice de fécondité qui, parallèlement, avait glissé de 1,83 enfant par femme en 1986 à 1,77 en 1991, est tombé à 1,73 en 1992. La baisse s'est poursuivie depuis, et on s'attend en 1993 à moins de 720 000 naissances et moins de 1,70 enfant/femme.

Le nombre de mariages, qui était un peu remonté de 265 000 en 1987 à 287 000 en 1990, est revenu à 280 000 en 1990, et 272 000 en 1992. Le taux de nuptialité, un des plus faibles d'Europe, est déjà tombé, dès 1992, en dessous du minimum de 1987 : 4,7 mariages pour 1 000 habitants, contre 4,8.

PNUD : Rapport mondial sur le développement humain 1993, Economica, 1993.
« Tous les pays du monde 1993 », Population et Sociétés, no 282, septembre 1993, INED.
Vingt-deuxième Rapport sur la situation démographique de la France, INED, 1993. La Situation démographique en 1991, INSEE-Résultats, série Démographie société, no 26-27, août 1993.

Michel-Louis Lévy
Chef de service à l'Institut national d'études démographiques (INED)