Océanie

Australie

Au pouvoir depuis le 19 décembre 1991, le travailliste Paul Keating (jusqu'alors ministre des Finances dans le gouvernement de Bob Hawke en place depuis 1983) semble fermement décidé à abandonner les deux pôles traditionnels de la diplomatie australienne : Grande-Bretagne et États-Unis.

Les nouveaux choix diplomatiques

Le nouveau Premier ministre prend ainsi résolument ses distances avec le Royaume-Uni à l'occasion de la visite de la reine Elisabeth en février : « Notre vision (du monde), déclare-t-il, est nécessairement indépendante. » Il récidive le 7 avril : « il faut que nous parvenions à séparer nos intérêts, notre histoire, notre avenir, de ceux de la Grande-Bretagne. »

Le Premier ministre remet, d'autre part, en cause les relations jusque-là privilégiées de Canberra avec Washington : du fait de la récession américaine, de l'échec des négociations du GATT et de la crainte d'un retour au protectionnisme, l'Australie s'éloigne des États-Unis et renforce ses liens avec la zone Pacifique, notamment par l'intermédiaire d'un organisme en pleine expansion, l'APEC (la Communauté économique d'Asie-Pacifique, que la Chine. Hongkong et Taïwan ont rejoint en novembre 1991, et dont l'Australie constitue, avec la Nouvelle-Zélande, la figure dominante). Paul Keating affirme que son pays défendra désormais ses propres intérêts sans se soucier des susceptibilités américaines. « Notre avenir est en Asie-Pacifique », déclare-t-il lors de sa visite au Japon en septembre. En effet, si 60 % des exportations australiennes sont à destination de l'Asie, seulement 12 % le sont vers les États-Unis.

Sur le plan économique

Sur le plan économique, l'arrivée de Paul Keating se traduit aussi par des changements notables : l'Australie abandonne l'orthodoxie monétariste des années 1980 pour adopter une politique économique nettement interventionniste. Si l'inflation est faible (autour de 1,5 %) et l'excédent commercial confortable, la croissance reste limitée (+ 1,6 % pour l'année 1991) et le chômage préoccupant (+ 10,5 %). Aussi, à l'approche des élections législatives de mars 1993, un plan de relance est-il adopté en août : le gouvernement prévoit un déficit de 3,3 % du PIB, afin de financer la création d'emplois (grâce à l'organisation de stages de formation ou à l'attribution de subventions aux entreprises embauchant des jeunes et des chômeurs de longue durée), l'amélioration des services de santé et l'augmentation des allocations de retraite, de logement et familiales.

C'est dans ce contexte que s'insère l'importante réduction de l'immigration décidée pour 1992-1993. En 1992, il est prévu d'accueillir 80 000 personnes, soit une baisse de 27 % par rapport à 1991 ; et, désormais, les nouveaux arrivants (acceptés en raison de leurs capacités professionnelles ou dans le cadre du regroupement familial) doivent maîtriser l'anglais.

De plus en plus, en effet, les Australiens cherchent à défendre les spécificités de leur identité. Ce que confirme la progressive reconnaissance des 200 000 aborigènes, puisque le gouvernement fédéral débloque enfin les fonds nécessaires à leur meilleure insertion.

Nouvelle-Zélande

Après sept ans de récession, la croissance semble de nouveau au coin de la rue, mais grâce à la politique monétariste du Premier ministre conservateur, Jim Bolger, encore plus sévère que celle de son prédécesseur travailliste David Lange en 1991. Afin de diminuer le déficit budgétaire, le gouvernement réduit ses dépenses (– 3,7 % entre avril 1991 et mars 1992), notamment dans le domaine social. Si le chômage reste élevé (+ 10,1 %), ainsi que la dette, l'inflation a été ramenée à 1 % (alors qu'elle frôlait les 17 % en 1987) et le commerce extérieur s'améliore nettement grâce à la forte augmentation des exportations et à la chute des importations. Cette bonne performance est aussi liée à la limitation du pouvoir syndical : depuis le mois de mai, les employeurs peuvent traiter directement avec leurs employés sans passer par les syndicats. Voilà une déréglementation qui favorise le patronat.

Paul Roberts