Le SLORC refuse toujours de reconnaître le résultat des élections de mai 1990 remportées par le mouvement d'opposition démocratique.

Thaïlande

Putschs

Depuis l'abolition de la monarchie absolue, en 1932, la vie politique thaïlandaise a été marquée par une succession de courtes périodes démocratiques et de coups d'État militaires (17 au total). Le dernier putsch remonte au 23 février 1991, lorsque le Premier ministre de l'époque, Chatichai Choonhavan, discrédité par la corruption généralisée de son gouvernement, a été renversé par une coalition d'officiers dirigée par l'ambitieux général Suchinda Kraprayoon. Les militaires ont promis une Constitution, l'organisation d'élections dans un délai d'un an et demi, et placé à la tête du gouvernement Anand Panyarachun, un ancien diplomate reconverti dans les affaires qui s'est révélé excellent gestionnaire. En quelques mois, Anand – qui avait laissé aux militaires les dossiers de la Défense et des Affaires étrangères – a assaini les finances et moralisé la vie publique (lois contre la prostitution enfantine, premières mesures contre le sida, lutte anti-corruption, etc.).

En décembre, la nouvelle Constitution est votée, et les élections annoncées se déroulent le 23 mars 1992. Les deux partis favorables à la junte remportent la majorité des sièges. Une coalition promilitaire désigne alors à la tête du gouvernement un richissime homme d'affaires, Narong Wongwan, dont le parti compte le plus grand nombre de députés. Mais Narong est très impopulaire, en raison notamment de son implication dans le trafic de drogue, et sa candidature est écartée au bout de dix jours, après de fortes pressions des États-Unis.

L'homme fort de la junte, le général Suchinda, qui ne s'était pas présenté aux élections générales mais n'avait jamais caché ses ambitions politiques, est alors désigné à la tête du gouvernement. Très vite, les attaques fusent contre l'ancien officier, qui place à des postes clés ses anciens camarades de la « classe 5 ». Les premières manifestations de protestation débutent à Bangkok le 20 avril et grossissent pendant les trois semaines suivantes.

« Monsieur Propre »

L'ancien gouverneur de Bangkok, Chamlong Srimuang, un ancien militaire reconverti dans un bouddhisme fondamentaliste, a pris la tête du mouvement de protestation. Son parti, le Palang Darma, a raflé la majorité des sièges de la capitale lors des élections de mars. Chamlong, surnommé « Monsieur Propre », a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption et l'influence des militaires. Le 17 mai, Chamlong appelle la foule à marcher pacifiquement sur le Parlement. Les forces de l'ordre ouvrent le feu, les émeutes débordent. Rafles, état de siège, couvre-feu dans la capitale, alors que les troubles éclatent à leur tour en province, animés par les étudiants et la nouvelle classe moyenne récemment enrichie, qui réclament davantage de démocratie. Bilan : 52 morts et 200 disparus. Les troubles sont stoppés net au bout de quatre jours par une intervention télévisée du roi Bhumibol, jusque-là resté discret, qui « sermonne » les deux fauteurs de troubles, le général Suchinda et Chamlong. Le général Suchinda démissionne le 24 mai après que le roi a signé une amnistie générale qui met les militaires à l'abri. Anand Panyarachun, unanimement apprécié, est désigné chef du gouvernement transitoire, et de nouvelles élections générales sont organisées le 13 septembre. Les partis démocrates l'emportent de justesse. Le gouvernement de coalition conduit par le chef du parti démocrate, Chuan Leekpai, se fixe pour objectifs de réduire les disparités régionales (et notamment la pauvreté dans les zones rurales), de réduire la corruption, de veiller à la bonne intégration de la Thaïlande dans le marché commun de l'ASEAN et de réduire l'influence des militaires. C'est probablement sur ce dernier point que le nouveau gouvernement rencontrera le plus de difficultés. Les événements du mois de mai ont finalement laissé moins de séquelles dans le domaine économique que les experts ne le redoutaient. Après un coup d'arrêt de quatre mois, le tourisme, principale source de devises de la Thaïlande, a commencé à redémarrer à l'automne ; la Bourse a repris son cours et les grandes entreprises, leurs activités. Mais l'implication des militaires dans plusieurs secteurs, notamment dans le commerce du bois, des pierres précieuses et dans la banque, nuit à l'image de marque de la Thaïlande. Les militaires thaïs sont, en effet, liés à la faction cambodgienne khmère rouge, responsable du blocage du plan de paix dans ce pays. Les membres permanents du Conseil de sécurité ont donc voté une résolution fin novembre, pressant le gouvernement thaïlandais de mettre fin à cette coopération. Mais sans succès.

Viêt Nam

Décollage

Les investissements étrangers continuent à se développer alors que l'embargo américain et le veto de Washington sur les prêts de la Banque mondiale et du FMI (sanctions résultant de la guerre du Viêt Nam) – qui pourraient atteindre 850 millions de $ US sur trois ans – ont été levés partiellement le 14 décembre. Le Japon est prêt à reprendre une aide bilatérale (gelée depuis l'invasion du Cambodge par le Viêt Nam en 1979) dès qu'une solution aura été trouvée pour les arriérés de dette (environ 100 millions de $ US).