Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Le dégel général au Proche-Orient ne semble pas avoir gagné la Libye. Les tentatives répétées de cette dernière pour se rapprocher des pays occidentaux se heurtent au dossier du terrorisme. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, les enquêteurs ont mis en cause des membres des services secrets libyens dans l'attentat qui a détruit en vol un Boeing de la Pan Am en 1988 au-dessus de Lockerbie, en Écosse. Londres et Washington ont en vain demandé à Tripoli de leur livrer deux suspects. En France, le juge Bruguière a également impliqué la Libye dans l'enquête sur l'explosion au-dessus du Niger du DC 10 d'UTA en 1989. Après l'échec d'une médiation de la Ligue arabe, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté des sanctions contre la Libye pour contraindre les autorités libyennes à coopérer avec les enquêteurs occidentaux. Les sanctions, entrées en vigueur en avril, ont été périodiquement reconduites.

Le Caire

Le séisme qui a ravagé le 12 octobre la capitale égyptienne a également mis en lumière les problèmes gigantesques affectant l'agglomération. Les prévisions pour 2020 indiquent une population de 30 millions d'habitants (contre 10 actuellement) ; la pollution atteint des niveaux effarants : jusqu'à 100 tonnes par an et par km2 de particules diverses (soufre, plomb) retombant sur certaines banlieues industrielles.

Égypte

Devant la multiplication des attentats terroristes des islamistes, le tourisme est gravement menacé. C'est d'autant plus inquiétant qu'il représente la principale ressource du pays : il équivaut en 1991 à trois milliards de dollars, soit plus que les revenus tirés du pétrole et du canal de Suez réunis, et crée, directement ou indirectement, plusieurs centaines de milliers d'emplois.

Liban

Au Liban, le gouvernement d'Omar Karamé n'a pas survécu à la grève générale du mois de mai, très suivie, organisée par la CGTL. Rachid Solh, qui lui a succédé, a eu pour charge d'organiser les premières élections législatives au Liban depuis vingt ans, en application des accords de Taëf. Ces élections, organisées en trois phases en juillet et en août, ont été marquées par un boycott massif du « camp chrétien ». Du coup, les principaux bénéficiaires de ces élections ont été les extrémistes chiites pro-iraniens du Hezbollah, qui entrent pour la première fois au parlement libanais, dont le nouveau président est le chiite pro-syrien Nabih Berri. En octobre, le président Elias Hraoui a appelé le milliardaire libano-saoudien Rafic Hariri à former le gouvernement, ce qui a été perçu comme un signe encourageant par les milieux d'affaires libanais.

Le nouveau gouvernement libanais formé début novembre par Rafic Hariri est constitué pour partie de politiques agréés par la Syrie (MM. Dalloul, Merhej et Boueiz à la Défense, à l'Intérieur et aux Affaires étrangères), de représentants des différentes factions libanaises (MM. Joumblatt, Frangié junior et Hobeïka), et de puissants hommes d'affaires – le « club des milliardaires » –, comme MM. Demerdjian, Eddé, Frem ou el-Khalil.

La résolution 748, adoptée le 31 mars par le Conseil de sécurité, oblige tous les États membres de l'ONU à appliquer les sanctions contre la Libye et à les maintenir jusqu'à ce que le Conseil estime que la Libye ait satisfait à ses demandes. Le Conseil réexamine la situation tous les 120 jours. La résolution prévoit un embargo aérien, un embargo sur les ventes d'armes et une réduction du personnel diplomatique.

Chrono. : 28/01, 16/02, 24/02, 27/04, 6/05, 16/06, 21/07, 24/07, 30/07, 23/08, 24/08, 30/08, 6/09, 24/09, 21/10, 22/10.

Olivier Da Lage
Journaliste à Radio France Internationale