Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

L'audience générale des variétés, locomotives de TF1 pendant les années de vaches grasses, s'érode (le 16 septembre, un téléfilm de F2 devance « Sacrée Soirée »). Sur une chaîne ne dégageant des bénéfices qu'à 40 % de parts de marché, le tassement de Drucker ou Foucault inquiète les dirigeants. Sur les après-midis du 13 au 30 septembre, France 2 totalise 31,8 % de parts de marché contre 27,1 pour TF1. Et le début de soirée (19-20 h) confié à Dechavanne traîne derrière... le 19-20 h de FR3. Le jeudi 8 octobre, par exemple, les « régionales » ont totalisé 39,4.% de part de marché, soit 10 points de plus que « Coucou, c'est nous ».

Et la seule vraie nouveauté de la grille, « Arthur, l'émission impossible », déchaîne les critiques. Là où Coluche touchait souvent juste en enrobant son propos de grossièretés, Arthur (présent également sur Europe 1) se limite à la subversion-spectacle pour bambins élevés par Dorothée.

Quelques éclats viennent également tenir l'image de la « chaîne familiale ». Une interview pseudo-exclusive de Fidel Castro réalisée par Patrick Poivre d'Arvor s'avère un grossier montage à partir d'une conférence de presse. Mécontente de l'horaire tardif de « SOS animaux », Brigitte Bardot se retire en juin, tout comme Jean-Luc Mano, chef du service politique, qui dénonce « la ringardise de la soirée consacrée au référendum de Maastricht ». Quant à la suppression du « Débat », causerie politique hebdomadaire, sans en avertir les animateurs habituels, Philippe Alexandre (RTL) et Serge July (de Libération, à qui l'on reproche de critiquer la chaîne dans ses colonnes), elle conforte ceux qui accusent TF1 de privilégier la politique-spectacle.

En deux ans, TF1 a perdu au total 3 % de la part de marché – ce qui diminue les rentrées publicitaires de 5 à 7 %.

Les challengers

Dans ce contexte, Canal Plus réussit quelques innovations remarquées, avec une retransmission non-stop des jeux Olympiques dont les commentaires furent assurés par d'anciens champions. Remarqué également, le « Télé Dimanche » de Michel Denisot sur les coulisses des petits écrans du monde entier. Enfin, avant de présenter sa grille de rentrée, M6 annonça une audience moyenne de 12 points alors que le seuil d'équilibre se situe à 10 points. La disparition de La Cinq n'est certainement pas étrangère à cette embellie. Pourquoi changer une formule soudain gagnante ?

Bilan 92

Pour la centrale d'achats Cyclades, les émissions « gagnantes » (en termes de supports publicitaires) sont : « Coucou, c'est nous », de Christophe Dechavanne (TF1) ; « les Marches de la Gloire », présentées par Laurent Cabrol (TF1) ; « Mystères », présentés par Alexandre Balloud (TF1) ; « Frou-Frou », de Christine Bravo (France 2), et « Sportissimo » de Gérard Holtz (France 2). Du côté des « perdants ». les deux émissions de Guillaume Durand sur TF1 « Toute la ville en parle » et « Durand la nuit », ou « la Nuit des héros », présentée par Michel Creton sur France 2.

Record d'audience 1992 : l'émission « Le grand bluff » de Patrick Sébastien sur TF1 (17,5 millions de téléspectateurs le 26 décembre).

La radio se porte bien : elle a globalement gagné 2,3 millions d'auditeurs en 2 ans : en 1992, plus de 35 millions de personnes écoutent la radio. Cette progression est principalement le fait des radios privées musicales (NRJ, Skyrock, Europe 2...), et non des radios généralistes (RTL, Europe 1, RMC, Radio-France...), qui perdent du terrain : alors que l'audience cumulée des musiques privées grimpe de 27,6 % en 1991 à 29,1 % en 1992, celle des généralistes passe de 41,1 % à 39,6 %.

Michel Embareck