Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Archéologie

Deux crânes fossiles récemment découverts à Quyuanhekou, dans la région de Yunxian (Chine), et provenant d'un gisement daté du pléistocène moyen (300 000 à 400 000 ans) présentent, selon l'étude que viennent d'en faire Denis Etler et Li Tianyuan, des caractères morphométriques qui les placent en position intermédiaire entre Homo erectus et Homo sapiens. Ils apportent ainsi de nouveaux arguments aux tenants de l'apparition en plusieurs points du monde de l'Homo sapiens.

Un grand sanctuaire peint, le plus au nord de la France, a été mis en évidence au fond de la Grande Grotte d'Arcy-sur-Cure (Yonne) : trente représentations animales (à mammouth dominant et avec des espèces rarement figurées comme le rhinocéros et l'ours), six empreintes de mains, de nombreux signes ont été déjà répertoriés par Dominique Baffier et Michel Girard, qui ont également découvert le sol fréquenté par les artistes paléolithiques, scellé sous 20 cm d'argile calcitée. D'après le style des peintures, l'ensemble pourrait dater du solutréen (environ 15 000 ans).

Le grand menhir de Locmariaquer (16 m, 300 tonnes), brisé en quatre morceaux, est en fait l'élément central ou terminal d'un alignement de pierres dressées construit 4 000 ans avant notre ère, selon les fouilles de Jean L'Helgouac'h. Il témoigne d'une époque où la communauté néolithique du golfe du Morbihan érigeait des monuments faits de grandes stèles ornées qui, quelques siècles plus tard, seront débitées et réutilisées, comme l'a montré C.-T. Le Roux, pour la construction de dolmens à couloir comme celui de la table des Marchands, tout proche.

Le site de Bercy, à Paris, a livré deux nouvelles pirogues monoxyles en chêne de six mètres de longueur, l'une quasi complète et l'autre peut-être inachevée, ce qui porte à près d'une dizaine le nombre de ces embarcations. Elles étaient associées à un très abondant matériel du néolithique chasséen d'une qualité souvent remarquable (statuette en terre cuite, nombreux vases entiers, outillage en os et bois de cerf, etc.).

À Herculanum et Pompéi, détruites en l'an 79 par l'éruption du Vésuve, les fouilles ont repris, livrant des objets de prix que les habitants tentaient d'emporter avec eux. Mais les archéologues s'intéressent davantage au fonctionnement de ces villes figées en pleine activité, à la morphologie de leurs habitants, à leur environnement, grâce aux études des spécialistes (anthropologues, palynologues, etc.) dont les analyses sont indispensables pour retracer sous tous ses aspects la vie des hommes du passé.

À Tautavel (Pyrénées-Orientales), le nouveau musée de préhistoire décuple les surfaces d'exposition et de réserves et intègre un centre de recherches. Cette réalisation, due à l'activité du professeur de Lumley, répond à la fois à une forte demande du public et au grand intérêt des recherches menées sur place.

L'authenticité de l'art pariétal paléolithique est souvent difficile à établir : si elle n'est plus contestée pour la grotte Cosquer, immergée dans les calanques de Marseille, elle est de plus en plus improbable pour la grotte de Zubialde, dans la région d'Alava, au Pays basque espagnol.

La plus grande pirogue de France a été trouvée à Noyen-sur-Seine (Seine-et-Marne) : taillée dans le fût d'un chêne de 15 m de long pour 1 m de diamètre, elle est datée des environs de l'an 800.

À Alba (Ardèche), chef-lieu de la cité des Helviens, les restes d'une statue monumentale en marbre blanc de plus de 2 m de haut ont été retrouvés dans l'une des salles d'un vaste sanctuaire occupant 5 000 m2.

Une mosaïque polychrome (noir, blanc, jaune, rouge) de plus de 100 m2 a été prélevée au cours d'un sauvetage à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) : rehaussée d'un pseudo-emblema (oiseaux, fruits, canthares), elle devait constituer le sol de la salle à manger d'une demeure particulière.

Henri de Saint-Blanquat, Archéo TGV, 450 km d'histoire, Dossiers Archives du temps, Casterman, 1992, 256 p.

Jacques Tarrête