Ces incertitudes ont cours dans les ateliers. À la période euphorique des années 1980, marquée par l'abondance des commandes et la reconnaissance de l'art contemporain reconnaissance symbolisée par la colonnade de Daniel Buren au Palais-Royal –, a succédé une période de doutes et d'interrogations esthétiques. Le musée du Jeu de paume s'en est fait l'écho. En consacrant une rétrospective au peintre Martial Raysse, partisan déclaré d'un art de la figure et du sujet, cette institution a semé le trouble. Aux regards habitués aux constructions abstraites et aux assemblages d'objets, elle a proposé des paysages, des nus et des scènes allégoriques. Au même moment s'esquisse une nouvelle génération d'artistes qui ne redoutent pas de s'essayer au portrait ou au paysage et se réclament de modèles et d'artistes que l'on croyait oubliés, de Chirico à Balthus. Ce dernier, justement, a été célébré par une rétrospective à Ornans, dans la maison de Gustave Courbet. Ce fut l'une des expositions les plus visitées de l'été. À l'automne, les mêmes amateurs se retrouvaient pour découvrir, dans le cadre du mois de la photo, les Polaroïds d'Andy Warhol. De l'une à l'autre exposition ils n'ont vu ni rupture ni opposition mais deux aspects d'une même ambition.

Philippe Dagen