Plus généralement à l'échelle du continent, la diffusion de documents en provenance des archives de Russie ne risque-t-elle pas de déstabiliser les mouvements de gauche en Europe occidentale ? C'est ce que montrent, par exemple, les révélations sur l'attitude du secrétaire général du PCI, Palmiro Togliatti, envers les Italiens prisonniers en URSS en 1940, ou sur les liens entre le leader du Parti travailliste britannique, Neil Kinnock, et le président soviétique K. Tchernenko en 1984-1985.

Le massacre de Katyn

Voici la conclusion du document signant l'arrêt de mort de 26 000 Polonais, daté du 5 mars 1940 et paraphé par Staline : « Partant du fait qu'ils sont tous des ennemis endurcis, incorrigibles, du pouvoir soviétique, le NKVD de l'URSS estime nécessaire [...] de leur infliger la peine capitale par fusillade. »

Pierre Thibault

Guerre d'Algérie, 30 ans après

Selon un sondage effectué pour la Ligue de l'enseignement et l'Institut du monde arabe, les jeunes Français de 17 à 30 ans interrogés demeurent majoritairement informés du conflit qui a tant marqué la jeunesse de leurs parents. Trente ans après l'indépendance des anciens départements d'Afrique du Nord, ils sont 60 % à estimer que s'intéresser aujourd'hui à la guerre d'Algérie est utile pour la société française ; ils sont toutefois 34 % à penser que cela ranime les divisions. Si la majorité des personnes interrogées sont incapables de citer un seul nom de leader algérien de l'époque, elles sont 74,5 % à savoir que c'est le général de Gaulle qui a signé les accords d'Évian menant à la paix. La très grande majorité (autour de 90 %) disent que la guerre était motivée par la volonté de garder des territoires à la France ou de protéger les intérêts des « pieds-noirs » ; ils ne sont que 38 % à citer le pétrole saharien. Un peu plus de 45 % donnent raison aux Français qui ont soutenu activement la lutte pour l'indépendance (les « porteurs de valise ») ; cependant, ils sont 31,5 % à rester sans opinion sur la question. Enfin, ils sont 55 % à penser que l'armée française a pratiqué « quelquefois » la torture et 5 % « jamais ».