Les causes de la déforestation sont connues : le défrichement à des fins agricoles, les plantations d'hévéas, la submersion de vastes espaces boisés par les retenues des barrages, les coupes anarchiques et incontrôlées destinées à la production du bois d'oeuvre, de bois de chauffe et de charbon de bois. Les mangroves du delta du Mékong, comme celles du Bangladesh ou de l'Inde, surexploitées par les charbonniers sont, à terme, menacées de disparition et, avec elles, la faune originale qui leur est inféodée. Précisons aussi qu'entre 1961 et 1974 les épandages massifs et systématiques de défoliants effectués par l'aviation américaine ont largement contribué à la destruction et à la dégradation de la forêt vietnamienne (le taux de dioxine dans la chaîne alimentaire serait encore très élevé dans le sud du pays). Les conséquences du déboisement sur l'environnement ont été, ici comme ailleurs, particulièrement graves : érosion des sols, inondations plus fréquentes, disparition d'espèces animales comme le tapir ou le rhinocéros de Sumatra. La reconstitution de la forêt vietnamienne, qui nécessitera une aide internationale importante, est une des conditions préalables à la reconstruction et au développement de ce pays de l'Asie du Sud-Est.

La forêt méditerranéenne est menacée ; victime de feux annuels, elle a été fragilisée par la sécheresse des cinq dernières années. C'est au cours de l'hiver 1992 que les déficits pluviométriques ont atteint des valeurs records : 89 % à Ajaccio, 87 % au Luc ou 74 % à Saint-Auban.

Le déficit hydrique des sols consécutif à cette sécheresse prolongée a eu pour effet de provoquer le dépérissement des arbres et d'en augmenter la mortalité directe ou indirecte (insectes et champignons). En 1990, la mortalité des chênes verts, des chênes-lièges et des pins noirs d'Autriche a été, dans certains sites, de dix à vingt individus sur 100. Des études très récentes ont révélé que le dépérissement des arbres des régions littorales pourrait être causé par les embruns chargés de polluants divers.

Rio 1992

La Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) s'est tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992. Elle fut l'occasion de la confrontation attendue entre le Nord et le Sud et d'un débat très large sur le développement, sur la gestion et la protection de l'environnement. Elle fut aussi la scène publique où les politiques, les scientifiques et les représentants des ONG se sont rencontrés. La déclaration de Rio, ou charte de la Terre, qui énonce les conditions du développement durable, n'a pas suscité d'opposition de la part des délégués des 178 pays présents. Par contre, les projets de conventions sur la forêt, sur la biodiversité et sur les changements climatiques, ont donné lieu à de vives discussions inhérentes le plus souvent aux problèmes de souveraineté. Il a été très laborieux d'adopter l'Agenda 21, vaste programme d'actions proposé aux pays riches, destiné à favoriser le développement des pays du Sud en sauvegardant les milieux et les ressources et évalué à 625 milliards de dollars pour les 5 prochaines années.

Chrono. : 2/03, 24/04, 9/05, 14/06, 3/07, 19/09, 3/10.

Ministère de l'Environnement, l'État de l'environnement, La Documentation française, 1991.
Terre, patrimoine commun, La Découverte/Association Descartes, 1992.

Philippe C. Chamard
Géographe, Université Paris-X-Nanterre