Aéronautique

Pour le monde aéronautique, constructeurs et compagnies confondus, l'année est davantage marquée par les difficultés économiques dues à la récession que par les innovations technologiques.

Cours du dollar : 10 % de baisse du dollar équivaut à près de 150 millions de francs de perte pour l'Aérospatiale et la SNECMA.

La crise : en 1991, le trafic international a reculé, pour la première fois, de 4,4 %. Les perles financières se sont élevées à 4 milliards de dollars, après un déficit de 2,7 milliards de dollars en 1990. Pour 1992, le déficit est estimé à au moins 2,6 milliards de dollars. Le transport aérien souffre d'une surcapacité (près de 1 000 avions sont bloqués au sol), qui s'est encore accrue en 1992 de 0,3 %, alors que le taux de remplissage des avions a baissé de 2,1 points pour atteindre 60,7 %.

Une reprise faible

Certes, 1992 est marquée par une certaine reprise du trafic aérien (14 % de plus que l'an passé, soit 2,5 % de moins que l'augmentation de la capacité) et une croissance du fret et du nombre des passagers. Mais la clientèle « haute contribution » (les hommes d'affaires, clients des classes supérieures) s'est habituée, lors du conflit du Golfe, aux vidéoconférences, qui évitent les déplacements non indispensables. Par ailleurs, de nombreuses sociétés ont réservé à la seule haute direction les vols en première et classe affaires, jusqu'alors offerts aux cadres supérieurs. Les compagnies ont dû faire face également à l'augmentation des coûts d'exploitation, des charges, des taxes et des impôts, ce qui a réduit d'autant des marges bénéficiaires déjà faibles. Pour l'exercice 1991/1992, les compagnies IATA (Association du transport aérien international) ont enregistré des pertes record (2,6  milliards de dollars).

Vols transatlantiques : les compagnies américaines « cassent les prix » sur les trajets Europe-États-Unis, allant jusqu'à diminuer les tarifs de certains vols de 59 %. Les compagnies européennes, qui réalisent 30 % de leurs activités sur ce marché, sont beaucoup plus vulnérables que les américaines, qui n'y font que 11 %.

Concurrence et faillites

British Airways (qui est devenue la première compagnie mondiale après son regroupement avec US Air) et quelques compagnies asiatiques ont été quasiment les seules à afficher des bilans positifs. Les compagnies américaines ont été parmi les plus touchées. L'impitoyable guerre des tarifs, livrée depuis la déréglementation Carter, a pris une telle ampleur que certains n'hésitent pas à parler de « suicide collectif ». Les victimes sont nombreuses : Pan Am a disparu ; d'autres, dont Continental et TWA, se sont placées sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Même les « Majors », American Airlines, United et Delta, qui rachètent les dépouilles (avions, lignes, installations) de ces concurrentes affaiblies, affrontent de gros problèmes.

En Europe, l'heure est au regroupement. Après l'absorption d'UTA et d'Air Inter, Air France, bien qu'en difficulté, prend de fortes participations dans Sabena et CSA (la compagnie tchèque), et se rapproche de Lufthansa. Iberia entre dans le capital de compagnies sud-américaines. La Commission de Bruxelles, opposée au rachat à Boeing de De Havilland-Canada par le GIE franco-italien ATR (50 % Aérospatiale, 50 % Alenia), a autorisé celui de Fokker (Pays-Bas) par DASA (RFA), membre d'Airbus Industrie, qui reprend les parts du gouvernement hollandais. La fondation d'Eurocopter, filiale de la division Hélicoptères d'Aérospatiale et de MBB (RFA), a créé le deuxième groupe constructeur et premier exportateur mondial d'hélicoptères.

La crise est cumulative : plusieurs compagnies annulent des commandes, reportent des livraisons ou retardent la mise en exploitation d'avions récemment reçus. Même si l'activité des constructeurs demeure encore soutenue grâce aux commandes des années antérieures, les grands avionneurs, Boeing, McDonnell-Douglas, Airbus Industrie, sont contraints de ralentir leurs cadences, avec, en plus, pour l'industrie européenne, le problème de la chute du dollar.

Air France, la crise : pour l'année 1992, le déficit de la compagnie s'élève à 4 milliards de francs, et celui du groupe à 3 milliards de francs. Autres chiffres encore plus inquiétants : un endettement global de 22 milliards de francs, et 2,5 milliards de frais financiers à débourser en 1992 (contre 1,5 milliard en 1991).

Avions nouveaux

Du côté américain, les plus récents Boeing (B-747-400) et McDonnell-Douglas (MD-11) entrent en service, tandis que Boeing commercialise déjà son futur biréacteur très-gros-porteur long-courrier B-777, qui n'en est pourtant qu'au stade des bureaux d'études.